Les meilleurs films de 2024 : le Top 10 BENZINE et des lecteurs

Et si 2024 n’avait pas été une GRANDE année cinématographique ? Et à peine une BONNE année ? C’est le doute qui nous a saisi au moment d’établir ce Top 10. Car hormis la zone d’intérêt qui a réuni nos suffrages, ainsi que ceux de nos lecteurs, il a été difficile de trouver un consensus sur le reste des films sortis en salle, et d’imaginer qu’il y ait dans la liste beaucoup de futurs classiques qui passent à la postérité… Alors, un retour à l’excellence en 2025 ? On le souhaite de tout cœur.

Top 10 2024 films

Eh oui, alors que nous nous sommes unanimement réjouis de la qualité des séries TV sortis sur les plateformes en 2024, c’est un peu la soupe à la grimace quand on jette un coup d’œil dans le rétroviseur en ce qui concerne le cinéma. Même si la France se réjouit des succès publics rencontrés par le Comte de Monte-Cristo et surtout par Un p’tit truc en plus, il est difficile de dire que ces deux films « plaisants » aient particulièrement ému le cinéphile en nous. Mais ça n’a guère été brillant non plus du côté d’Hollywood, même si le second volet de Dune par Denis Villeneuve a ses adeptes. Bien sûr, il y a eu le choc de La zone d’intérêt de Jonathan Glazer, peut-être la seule oeuvre cinématographique dont on a « senti » qu’elle marquait son siècle. Bien sûr, quand on a la chance d’habiter la capitale, on a pu voir tout au long de l’année beaucoup de très bons films iraniens, turcs, japonais, chinois et autres, et en tirer beaucoup de plaisir. Mais quand même, on sort de 2024 avec ce sentiment désolant que le Cinéma, le vrai, a marqué le pas, pour la première fois depuis longtemps, parce que tous les « gros » films que nous attendions se sont avérés quelque part un peu décevants. 2024, un mauvais cru ?

Le Top 10 des films de 2024, choisis par la rédaction de Benzine (classés par ordre de préférence) :

1. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)

Jonathan Glazer, cinéaste rare derrière la caméra, s’est confronté au sujet « irreprésentable » de la Solution Finale. Accueilli très favorablement par la critique internationale à Cannes, La zone d’intérêt a suscité sur la Croisette des réactions critiques françaises nettement plus tranchées, faisant ressurgir les débats éthiques sur son sujet, mais sera bien reçu lors de sa sortie en salles, se révélant une fois la fièvre cannoise passée l’une des propositions de cinéma les plus passionnantes de 2024. [Notre critique complète]

2. Pauvres créatures (Yorgos Lanthimos)

Nous n’aurions jamais pensé applaudir avec autant d’enthousiasme un film de Yorgos Lanthimos, réalisateur régulièrement prétentieux et lourd. Pourtant, son Pauvres créatures est un pur miracle, et a déchaîné la joie du public dans les salles : la méthode appliquée par Lanthimos est ici celle du conte philosophique quasi-voltairien, son héroïne Bella (Emma Stone, renversante !) étant une déclinaison féminine du Candide qui s’émerveille devant les choses les plus triviales comme les plus affreuses de la société, ce qui nous offre un regard « frais » sur des choses, des comportements que nous tenons pour acquis. [Notre critique complète]

3. L’histoire de Souleymane (Boris Lojkine)

48 heures dans la vie de Souleymane, un coursier guinéen à Paris, qui espère, au terme d’un entretien à l’OFPRA, sortir enfin d’une clandestinité synonyme de précarité et d’exploitation. Le film de Boris Lojkine, proche du documentaire, nous donne, en l’espace de deux jours, un concentré du quotidien de ces invisibles qui gagnent leur vie en pédalant pour le compte d’une de ces sociétés de livraison chargées de satisfaire nos désirs dans les meilleurs délais. L’histoire de Souleymane est un film fort qui met dans la lumière ces travailleurs invisibilisés et les drames qu’ils vivent et ont vécus. [Notre critique complète]

4. The Substance (Coralie Fargeat)

Coralie Fargeat s’empare avec The Substance du « body horror » cher à David Cronenberg, et nous livre une satire féroce sur les diktats de la beauté et des apparences imposés aux femmes. Entre décors kubrickiens, couleurs « pop » et scénographies mentales, The substance n’a pas peur de se frotter à l’excès et ne recule pas – dans un final atteignant un niveau de lâcher-prise assez hallucinant – devant le grotesque pour mieux écharper le joug des mâles ( (et des vaniteux de ce monde) ! [Notre critique complète]

5. Le mal n’existe pas (Ryūsuke Hamaguchi)

Ryūsuke Hamaguchi est sans doute le premier cinéaste depuis Kitano à s’être imposé aux yeux de la critique et des cinéphiles de l’hexagone comme un chef de file évident du cinéma d’auteur japonais de son temps. Le Mal n’existe pas est à la fois le film du virage de Hamaguchi vers un cinéma plus visuel, et une satire – pas complètement réussie – de la gentrification du Japon rural. Il confirme en tous cas l’importance du réalisateur japonais dans le cinéma d’auteur mondial contemporain. [Notre critique complète]

6. Nuit noire en Anatolie (Özcan Alper)

Dans son Nuit noire en Anatolie, Özcan Alper décortique, entre western moderne et thriller psychologique, les haines et tabous d’une société turque engluée dans le rejet systématique de l’autre, de la différence, d’une quelconque volonté d’ouverture. La métaphore du gouffre, dans lesquels son personnage principal cherche inlassablement cet homme qu’il a, peut-être, aimé, dit ce sentiment de noirceur de l’âme humaine, d’un État rendu au fond. Özcan Alper nous livre un portrait puissant et aride, sans espoir, d’une Turquie perdue dans ses idéaux uniquement oppressifs. [Notre critique complète]

7. Emilia Pérez (Jacques Audiard)

Dans sa quête permanente de nouvelles formes cinématographiques lui permettant de rénover ses veilles obsessions, Jacques Audiard aborde avec Emilia Pérez le domaine improbable de la comédie musicale. Et réussit, avec ce qui est aussi un thriller politique dans le monde du trafic de drogue au Mexique, un beau mélodrame familial, et une défense généreuse de la fluidité des genres,  ce qui pourrait bien être son meilleur film à date. [Notre critique complète]

8. Anora (Sean Baker)

Avec Anora, Sean Baker fait se télescoper deux mondes, voire plusieurs, dans un joyeux bordel associant conte de fées qui part en sucette et chronique sociale jamais lourdingue, jamais donneuse de leçons. C’est d’ailleurs là l’une des forces du film, que l’on peut pourtant trouver laborieux dans sa mise en place : celle de jouer avec les genres, les situations et les tonalités pour, en permanence, créer de l’imprévu. [Notre critique complète]

9. Los Delincuentes (Rodrigo Moreno)

La relecture « au ralenti » du film de casse que Rodrigo Moreno, qui fait partie de la vague du Nouveau Cinéma argentin depuis 1998, Los Delincuentes, fonctionne très efficacement durant la première moitié du film, avant une seconde partie beaucoup plus « en roue libre » : Los Delicuentes se rapproche alors de l’esprit des films du collectif El Pampero Ciné, avec des clins d’œil au western et au road movie, des personnages féminins d’une grande liberté, et des rappels que tout ceci n’est « que » cinéma… [Notre critique complète]

10. Dune – Deuxième partie (Denis Villeneuve)

Avec Dune – deuxième partie, le grand spectacle n’est plus la seule récompense d’un bouquet final, mais l’avènement d’un destin qui répète la tragique histoire des hommes, condamnés à s’incliner devant plus grands qu’eux, pour y trouver la foi nécessaire à la guerre sainte. En contre-champ, le regard d’une femme restée lucide colore le récit fondateur d’une sagesse aussi désenchantée que nécessaire, et fait advenir le blockbuster à l’âge adulte. [Notre critique complète]

Le top 10 de nos lecteurs :

1. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
2. Dune – Deuxième partie (Denis Villeneuve)
3. Furiosa (George Miller) [Notre critique complète]
4. Le Roman de Jim (Les Frères Larrieu) [Notre critique complète]
5. Civil War (Alex Garland) [Notre critique complète]
6. L’histoire de Souleymane (Boris Lojkine)
7. Les graines du figuier sauvage (Mohamed Rasoulof) [Notre critique complète]
8. The Substance (Coralie Fargeat)
9. Pauvres créatures (Yorgos Lanthimos)
10. Anora (Sean Baker)

Les choix de nos rédacteurs :

Anne Randon

1. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
2. Le Molière imaginaire (Olivier Py)
3. Les carnets de Siegfried (Terrence Davies)
4. Le jeu de la reine (Karim Aïnouz)
5. Il reste encore demain (Paola Cortellesi) [Notre critique complète]
6. Septembre sans attendre (Jonas Trueba) [Notre critique complète]
7. Riverboom (Claude Baechtold) [Notre critique complète]
8. L’histoire de Souleymane (Boris Lojkine)
9. Miséricorde (Alain Guiraudie) [Notre critique complète]
10. Oh Canada (Paul Schrader) [Notre critique complète]

Benoît Richard

1. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
2. L’histoire de Souleymane (Boris Lojkine)
3. Inchallah un fils (Amjad Al Rasheed) [Notre critique complète]
4. Borgo (Stéphane Demoustier) [Notre critique complète]
5. Nuit noire en Anatolie (Özcan Alper)
6. Los Delincuentes (Rodrigo Moreno)
7. Only The River Flows (Wèi Shū-Jūn) [Notre critique complète]
8. La mère de tous les mensonges (Asmae El Moudir) [Notre critique complète]
9. Les graines du figuier sauvage (Mohammad Rasoulof)
10. Les fantômes (Jonathan Millet) [Notre critique complète]

Michael Pigé

1. Nuit noire en Anatolie (Özcan Alper)
2. Anora (Sean Baker)
3. The Devil’s Bath (Veronika Franz et Severin Fiala)
4. Sans jamais nous connaître (Andrew Haigh) [Notre critique complète]
5. The Substance (Coralie Fargeat)
6. Pauvres créatures (Yorgos Lanthimos)
7. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
8. May December (Todd Haynes) [Notre critique complète]
9. Les fantômes (Jonathan Millet)
10. Les chambres rouges (Pascal Plante) [Notre critique complète]

Jean-François Lahorgue

1. L’Histoire de Souleymane (Boris Lojkine)
2. Le mal n’existe pas (Ryūsuke Hamaguchi)
3. Dune – Deuxième partie (Denis Villeneuve)
4. The Substance (Coralie Fargeat)
5. Emilia Pérez (Jacques Audiard)
6. Civil War (Alex Garland)
7. Anora (Sean Baker)
8. Sans jamais nous connaître (Andrew Haigh)
9. Nous, les Leroy (Florent Bernard) [Notre critique complète]
10. All We Imagine As Light (Payal Kapadia) [Notre critique complète]

Ordell Robbie

1. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
2. City of Darkness (Soi Cheang) [Notre critique complète]
3. Le mal n’existe pas (Ryūsuke Hamaguchi)
4. Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (Gints Zilbalodis) [Notre critique complète]
5. Le Royaume des abysses (Tián Xiǎo-Péng)
6. Look Back (Kiyotaka Oshiyama) [Notre critique complète]
7. Made in England: The Films of Powell and Pressburger (David Hinton) [Notre critique complète]
8. Los Delincuentes (Rodrigo Moreno)
9. Furiosa (George Miller)
10. Santosh (Sandhya Suri) [Notre critique complète]

Sergent Pepper

1. Knit’s Island (Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L’Helgouac’h)
2. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
3. La bête (Bertrand Bonello) [Notre critique complète]
4. C’est pas moi (Leos Carax) [Notre critique complète]
5. Miséricorde (Alain Guiraudie)
6. Les graines du figuier sauvage (Mohammad Rasoulof)
7. Los Delicuentes (Rodrigo Moreno)
8. Dune – Deuxième partie (Denis Villeneuve)
9. Les Fantômes (Jonathan Millet)
10. Here (Robert Zemeckis) [Notre critique complète]

Eric Debarnot

1. L’Histoire de Souleymane (Boris Lojkine)
2. Pauvres créatures (Yorgos Lanthimos)
3. Emilia Pérez (Jacques Audiard)
4. A Man (Kei Ishikawa) [Notre critique complète]
5. Only The River Flows (Wèi Shū-Jūn)
6. La zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
7. Trois Amies (Emmanuel Mouret) [Notre critique complète]
8. C’est pas moi (Leos Carax)
9. Civil War (Alex Garland)
10. Juré no2 (Clint Eastwood) [Notre critique complète]

Mattias Frances

1. Pauvres créatures (Yorgos Lanthimos)
2. Love Lies Bleeding (Rose Glass) [Notre critique complète]
3. Furiosa (George Miller)
4. Universal Theory (Tm Kröger)
5. Hundreds of Beavers (Mike Cheslick)
6. The Substance (Coralie Fargeat)
7. Late Night With The Devil (The Cairnes Bros.)
8. Challengers (Luca Guadagnino) [Notre critique complète]
9. Krazy House (Steffen Haars et Flip van der Kuil)
10. Le Comte de Monte-Cristo (Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte) [Notre critique complète]

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