Il y a tellement de très mauvais films « fantastiques » sur les plateformes de streaming qu’on hésite désormais, même en étant fan du genre, à s’y risquer. Porté par un excellent bouche à oreille, Caddo Lake est pourtant une jolie exception à cette règle. A découvrir en en sachant le moins possible à l’avance !
Qu’est-ce qui fait qu’on peut faire confiance à un film « fantastique » non sorti en salle et mis en ligne directement sur une plateforme de streaming ? Pas grand-chose, me direz-vous, étant donne le nombre de navets qui y végètent (sur les plateformes). Et si je vous dis que le film a été produit par M. Night Shyamalan ? Guère plus, étant donné la décote que connaissent depuis plusieurs années les films de l’ex-petit génie du fantastique ! Il faut donc mieux se fier au bouche-à-oreille, très favorable à ce Caddo Lake, et découvrir, en en sachant le minimum sur son histoire, ce petit bijou : bien écrit, à partir d’une belle idée, bien réalisé et bien interprété, voici un film qu’on aurait adoré découvrir en salle en 2024 ! Chronique garantie sans spolier…
Au Texas, près de la frontière avec la Louisiane, on trouve l’un des très rares lacs de l’état (même s’l présente toutes les caractéristiques marécageuses que l’on associe avec la Louisiane !) : le lac Caddo. Et c’est dans ce – beau – décor « naturellement surnaturel », si l’on ose dire, que se déroule Caddo Lake. Le film débute par un accident de voiture : la mère de Paris (Dylan O’Brien, convaincant, et qui a bien évolué depuis ses aventures dans le Labyrinthe…) est victime d’une crise d’épilepsie au volant, et tombe d’un pont alors qu’elle conduit sa voiture avec son fils. Lui s’en sort, mais pas elle… En parallèle, dans une maison au bord du même lac, Ellie (Eliza Scanlen, vue et appréciée dans Sharp Objects), presque post-adolescente mais toujours rebelle, vit avec sa mère Celeste (Lauren Ambrose, qu’on retrouve avec plaisir après Servant), son beau-père Daniel, et sa demi-sœur de huit ans, Anna. Tout ne va pas pour le mieux dans cette famille recomposée…
A partir de là, il faut arrêter de raconter l’histoire, à la fois émouvante, mystérieuse et habilement structurée, de Paris et d’Ellie, qui vont découvrir chacun de leur côté les étonnants secrets du lac. Vous l’avez compris, Caddo Lake est plus un thriller mystérieux, fantastique donc (mais sans scènes de tension ou d’angoisse…) qui joue avec notre compréhension de ce que nous voyons à l’écran (avec un tantinet de manipulation, admettons-le !) pour ne nous dévoiler que lentement, avant une conclusion bouleversante, ce qui s’est réellement joué sous nos yeux. On pourra à la fin, trouver certaines similitudes avec le scénario d’une série fantastique que nous adorons et dont nous ne révélerons pas le titre ici, pour ne rien spoiler : à vous de jouer !
On peut saluer la réalisation qui instaure une atmosphère lugubre et captivante, nous plongeant dans les mystères du bayou : le cadre naturel du lac Caddo, avec ses paysages marécageux et brumeux, bien filmé, renforce visuellement notre immersion dans un film qui prend joliment son temps pour nous emmener là où il veut. Caddo Lake est déconseillé aux téléspectateurs impatients, et ravira plutôt les cinéphiles attachés à la construction de personnages et d’une atmosphère envoûtante !
Voici donc une belle surprise : Caddo Lake est un film qui ne révolutionnera peut-être pas le genre, mais qui nous offre une expérience cinématographique immersive, efficace, basée sur une narration bien maîtrisée. Un must donc pour les amateurs de thrillers mystérieux…
Eric Debarnot