Comme en 2024, Netflix nous refait le coup de l’adaptation d’un roman de Harlan Coben pour nous aider à digérer sans trop faire d’efforts un réveillon sans doute bien arrosé.
On avait déjà notre nouveau bouquin de Coben chaque année, nous voilà désormais aussi avec un rendez-vous annuel le 1er janvier, pour une adaptation par la branche britannique de Netflix d’un livre de cet auteur, visiblement plus prisé en Europe qu’aux USA : souvenons-nous que la première adaptation en film de cet expert des polars / best sellers plutôt « standards », aux sujets extrêmement répétitifs (en gros, la réapparition impromptue du passé obligeant le personnage principal à enquêter et l’amenant à découvrir qu’une grande partie de sa vie familiale ou amoureuse est bâtie sur des mensonges), a été réalisée en France par notre « cher » Guillaume Canet (Ne le dis à personne), et notons que Netflix nous propose des téléfilms français, britanniques, polonais, et même espagnols, mais rien venant des US… Bref, le succès de Double Piège, mis en ligne le 1er janvier 2024, a incité Netflix a retenter le même coup : nous aider à digérer notre réveillon un peu plus facilement devant ce genre d’intrigue gentiment téléphonée qui n’exige pas trop de réflexion.
On suit cette fois l’inspectrice Kat Donovan, incarnée par une Rosalind Eleazar que l’on aime bien du fait de son rôle touchant dans Slow Horses : elle tombe, sur une application de rencontres, sur Josh, son ex-fiancé, qui s’est évanoui sans laisser de traces il y a onze ans de cela, peu après l’assassinat du père de Kat par un tueur à gages à la solde la mafia londonienne. A partir de là, le temps de Kat va se répartir entre son travail « officiel » de recherche de deux personnes disparues, et ses tentatives de résoudre le mystère entourant la mort de son père. On se souvient (assez vaguement, car cela remonte à 10 as déjà…), à la lecture de Missing You, avoir plutôt aimé cette histoire, plus originale dans son déroulement que la plupart des thrillers « cobeniens ».
On apprécie aussi le fait que la mini-série soit limitée à 5 épisodes, évitant ainsi ce délayage inutile qui est caractéristique de la série TV « standard » de nos jours, et que quelques aménagements aient été apportés au scénario pour « l’angliciser », avec pas mal de succès. C’est ainsi que la partie « personnes disparues » s’avère particulièrement perverse, brutale, voire horrifique, loin des situations stéréotypées chère à Coben : l’interprétation de Steve Pemberton, incarnant un drôle d’éleveur de chiens de race, est particulièrement remarquable, voire terrifiante. Même chose avec l’apparition, malheureusement trop courte, d’un James Nesbitt en savoureux « parrain de la pègre londonienne » pour une très belle scène. Le genre de choses qui rehausse le niveau d’une mini-série qui aurait, sans ça, tendance à ronronner gentiment, surtout avec une réalisation qui ne dépasse pas le niveau d’un téléfilm moyen. On notera aussi que les tonalités régulièrement réactionnaires des livres de Coben ont été corrigées, avec un personnage transgenre intéressant (et échappant au clichés), et surtout une belle histoire d’amour homosexuelle, qui enrichit notablement la fin de l’histoire…
… Une fin qui a été, il faut le souligner, violemment critiquée au Royaume-Uni, du fait d’une dernière révélation aussi improbable qu’artificielle (qui n’était pas, nous semble-t-il, dans le roman de Coben, mais ce serait à vérifier…), gâchant en effet une partie du plaisir qu’on a pu prendre jusque là.
Rendez-vous le 1er janvier 2026 pour le prochaine épisode, et en attendant, on repassera à des choses plus « sérieuses »…
Eric Debarnot