Seconde saison du nouveau « soap » US, Shrinking, un peu inférieure à la première, mais qui se clôt magnifiquement. Beaucoup de rires, et pas mal de belles émotions : pas si mal !
L’avantage, mais aussi le problème des « soap operas », genre vaguement désuet dans lequel s’inscrit franchement Shrinking, chronique de la vie quotidienne et des « aventures » de trois « thérapeutes » (psychologues ou psychiatres ? Aux Etats-Unis, il règne un certain flou autour ces métiers), c’est que chaque saison est un peu similaire à la précédente. Il n’est pas forcément facile, donc, de chroniquer ces nouveaux épisodes, qui s’inscrivent dans ce qui se doit être une continuité accueillante pour le téléspectateur…
En ce qui concerne « l’action », cette seconde fournée de 12 minutes (tournant autour de la demi-heure, hormis le dernier, un peu plus long) apporte beaucoup moins de péripéties farfelues et de nouveaux personnages pittoresques, ce qui peut donner par instants le sentiment que Shrinking ronronne, et exploite surtout des situations qui ont été établies lors de la première saison. La relation entre Gaby (Jessica Williams) et Jimmy (Jason Segel, par railleurs co-auteur de la série) ayant pris fin, Jessica se trouve confronté à « l’homme idéal », ce qui l’obligera à affronter ses propres craintes vis à vis d’une vie stable. Jimmy se concentre cette fois totalement sur sa relation avec Alice, qui a finalement bien mieux fait son travail de deuil que lui, ce qui lui donne le sentiment d’avoir été un mauvais père… et le pousse à se réfugier dans son travail de thérapeute, voire d’intervenir encore plus dans la vie de ses patients (ce qu’il appelle les « jimmyer »…). Sean et Charlie se lancent dans un projet d’adoption d’enfant, tandis que Paul (Harrison Ford, toujours formidable, sans que l’on puisse parfois dissocier le personnage de l’acteur vieillissant) doit affronter la maladie, dont les symptômes s’intensifient… Mais le plus beau personnage est celui de Louis (Brett Goldstein, à l’opposé de son rôle de footballeur irascible dans Ted Lasso), coupable de l’accident de voiture ayant coûté la vie à Tia : sa vie à lui s’est littéralement effondrée, et il a sombré dans une profonde dépression, qui paraît de plus en plus sans issue…
On résumera cette saison en admettant qu’elle est un tantinet inférieure à la précédente – l’effet de surprise, ou plutôt d’originalité, étant passé, et le manque de renouvellement des enjeux se faisant sentit -, mais que, dans son ensemble, mis à part une ou deux baisses de régime occasionnelles, elle nous fait tout autant rire, grâce à des dialogues brillants ; elle nous attache un peu plus à ses personnages à la fois drôles et complexes, ce qui est le but recherché ; et elle dispense également quelques jolis moments d’émotion, en particulier dans un excellent dernier épisode (The Last Thanksgiving), placé sous le signe de la réconciliation, et qui diffuse un effet « feelgood » bien agréable, nous rappelant par moments la formidable série Ted Lasso (peut-être que cette comparaison est provoquée par la présence au générique de Brett Goldstein).
La troisième saison, annoncée pour début 2026, sera décisive : soit elle confirmera l’essoufflement de Shrinking, soit elle prouvera qu’il y a dans le pitch de départ de la série le potentiel pour qu’elle devienne un soap opera « classique », capable de nous accompagner durant de longues années…
Eric Debarnot
Shrinking – Saison 2
Série TV US de Brett Goldstein, Bill Lawrence et Jason Segel
Avec : Jason Segel, Harrison Ford, Jessica Williams
Genre : comédie
12 épisodes de 30 minutes environ, mis en ligne (Apple TV+) d’octobre à décembre 2024