Une nouvelle année qui commence, c’est toujours l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro. Ici la focale voit loin derrière, on voyage jusqu’en 2015 et de se rendre compte que le cru musical fut très bon. Lumière sur dix albums marquants qui fêtent leur dix ans.
Tame Impala – Currents
Certains diront que c’était le début de la fin, d’autres qu’il s’agit d’un tournant dans la carrière de Kevin Parker. Après deux albums de rock psyché vénérés tout autour du globe, Tame Impala change de braquet et devient en 2015 une énorme machine à faire des tubes indie, où les synthés viennent remplacer les pédales. Let It Happen, The Less I Know the Better, des titres mémorables pour un disque qui l’est tout autant.
Kendrick Lamar – To Pimp a Butterfly
A la question courante « comment revenir après un classique ? », Kendrick Lamar apporte une réponse limpide: en faire un autre. Alors que Good Kid M a a d City installait son auteur dans la shortlist des meilleurs rappeurs, To Pimp a Butterfly va couronner un artiste. En revisitant tout un pan de la culture afro-américaine, Kdot signe un opus d’une créativité musicale dingue où rap, soul, funk s’entrechoquent sous la plume habitée d’un garçon en mission. L’un des immenses disques de la décennie.
Sufjan Stevens – Carrie & Lowell
En hommage à sa maman décédée, Sufjan Stevens signe avec Carrie & Lowell son disque le plus intimiste et émouvant, atteignant des sommets de douceur folk. Loin d’être sombre, il a même au contraire quelque chose de solaire d’une beauté sidérante. Des compositions sobres pour ce qui ressemble à l’apogée d’une carrière dans une discographie déjà très honorable.
Alabama Shakes – Sound & Color
Le groupe a/avait tout. Le style, blues rock soul psyché puissant, une leadeuse charismatique en la personne de Brittany Howard avec sa voix incroyable et une capacité bien maligne à faire des morceaux marquants. Sauf que plus rien depuis ce Sound & Color qui leur ouvrait pourtant tout un champ des possibles sur le chemin du succès. Mais entre la logique ascension solo de Howard et des casseroles judiciaires pour d’autres membres, le coup d’arrêt est inévitable. Reste donc cet album, sacré « et si »…
Aline – La Vie Electrique
En parlant de « et si… », en voici la version française. Aline, deux albums pour rallumer la flamme d’un indie-rock bien de chez nous, le premier en 2013 suivi de ce La Vie Electrique en 2015, confirmation du talent mélodique de Romain Guéret et ses comparses. Puis plus rien. Le groupe se met en sommeil jusqu’à l’arrivée l’an dernier d’une compilation d’inédits. De quoi donner le sourire à des fans abandonnés ou de rouvrir la boîte à regrets d’un band qui avait tout pour casser la baraque plus longtemps.
Beach House – Depression Cherry
L’un des duos dream-pop les plus inspirés des 2010’s s’offrait avec Depression Cherry une sacrée passe de trois, après les tout aussi grands Teen Dream et Bloom. Cette même musique cotonneuse pleine de rêverie qu’ils maitrisent tant, cette sensation de pilotage automatique où ils n’ont rien à forcer pour trouver la formule magique.
Jamie Xx – In Colour
Extirpé de son groupe phénomène The Xx, Jamie Xx s’octroie une escapade en terrain électro en bon petit producteur de génie qu’il est. Une claque sublime où les samples, les mélodies et les harmonies font dans le minimalisme captivant et hypnotique. Dix ans après, le disque vieillit très bien et difficile de lui trouver une concurrence dans le genre depuis.
Asap Rocky – At.Long.Last.A$ap
Star du rap en quelques mixtapes et un premier album, A$ap Rocky avait à cœur de prouver ensuite qu’il n’était pas seulement une machine pour le Billboard. Avec des influences bluesy et indie, ce At.Long.Last.A$ap est un marqueur dans la carrière de Rocky et pour d’autres MC’s qui n’hésiteront pas à s’engouffrer dans la brèche des passerelles entre genres. Si monsieur voulait revenir en 2025 d’ailleurs, ce ne serait pas de refus…
Panda Bear – Panda Bear Meets the Grim Reaper
Après avoir digéré le succès d’estime et (plus improbable) commercial d’avec ses vénérables amis d’Animal Collective, Panda Bear s’offrait un peu d’air avec ce petit bijou plein d’originalité évidemment. Quelque part entre électronique triturée, pop et univers psyché, l’album était un prolongement de toutes les capacités du band mais sous le prisme d’un seul cerveau. Sans trop de doute le meilleur solo d’un des membres.
Kamasi Washington – The Epic
Miroir jazz du To Pimp a Butterfly mentionné plus haut (auquel Kamasi a participé), The Epic est également un marqueur à son échelle. Opus fleuve de quasiment 3h, il a permis de mettre un peu de lumière sur un genre de niche, en ajoutant à ses fondations free jazz des éléments plus « abordables » s’inspirant lui-aussi de la musique afro-américaine. Une grand œuvre d’un musicien virtuose.