Comme son titre l’indique, Eephus, le dernier tour de piste raconte un dernier match de baseball sur un terrain en démolition. Le film de Carson Lund ne se trouve hélas qu’à l’approche de la fin.
À l’instar de Noël à Miller’s Point, Eephus, le dernier tour de piste est un long métrage du collectif Omnes présenté l’an dernier à la Quinzaine des Cinéastes. Son réalisateur Carson Lund a d’ailleurs été chef-opérateur sur le film de Taormina. Avec lequel ce Eephus partage la dimension chorale et les velléités de tableau de fin d’époque. Alors que leur terrain de baseball adoré va être démoli, deux équipes amatrices d’une petite ville de la Nouvelle-Angleterre s’affrontent pour la dernière fois un dimanche.
Comme chez Taormina, chaque petit moment consacré à un personnage est une petite touche contribuant au tableau d’ensemble de la journée. Propriétaire de camion à pizza évoquant ses rêves de retraites, spectateurs peu nombreux observant le match de façon parfois interloquée… Ce dernier dimanche marque la fin d’un moment où ces hommes d’âge moyen se retrouvaient et faisaient collectif. Une idée de fin de moment de fraternité transparaissant dans les dialogues ici et là.
Le personnage de Graham (Stephen Radochia), pas apprécié par ses camarades, est en outre à la fois celui qui a décidé la démolition et celui qui souhaite que tout le monde profite de ce dernier moment avant que chacun ne fasse sa vie de son côté. Ces sportifs amateurs évoquent aussi parfois leur usure physique. Toutes ces petites touches font hélas rarement émerger des personnages attachants. De plus, l’usage westernien du format Scope a quelque chose de trop attendu dans un film centré sur un groupe d’hommes et narrant un changement d’ère.
Le film va heureusement se trouver sur la fin. Son dispositif théâtral va se parer de théâtre de l’absurde lorsque la nuit tombe. Le match se doit ainsi d’arriver à son terme, quitte à trouver des solutions pour s’adapter à la situation. Après avoir tenté de traiter son match de façon antidramatique et sans bons ni méchants, le film s’approche alors de la beauté de la pratique sportive avec cette prolongation à la fois absurde et pleine de panache.
Ce beau sursaut de fin ne suffit hélas pas au film pour emporter le morceau.
Ordell Robbie.