Les Néo-Zélandais de The Veils ont un public fidèle à Paris, ce qui transforme chacune de leurs apparitions en une sorte de fête très émouvante. Et cela n’a pas raté, une nouvelle fois, hier soir au Point Ephémère…
C’est un vrai bonheur que de voir le Point Ephémère complet un dimanche soir, pour un groupe aussi singulier que The Veils, avec qui plus est un public de fans fidèles qui arrivent tôt et se pressent à l’ouverture des portes à 20h. Ce qui cause quand même un peu de désordre à l’entrée, mais qu’importe…
A 20h20, une jeune femme brune s’assied derrière son clavier et entame son set. Son nom est indiqué en lettres lumineuses derrière elle : elle s’appelle Leah Rye, elle est néerlandaise. Et elle se présente comme inspirée par des artistes comme Lana del Rey ou Radiohead… Avec de telles références, elle a intérêt à bien chanter… et de fait, elle a une belle voix dont elle se sert très bien. Et nous voilà partis pour 30 minutes de morceaux plutôt lents, joués au piano, et, pour deux d’entre eux, à la guitare électrique. A première écoute, toutes les chansons ne sont pas exceptionnelles, mais la qualité du chant prime, et une belle émotion se dégage… même si on regrettera que tout ça reste un peu trop sage. On notera Going to a Town, une reprise de Rufus Wainwright plus que pertinente en ce moment (« I am so tired of America« ), et la bonne idée de faire faire les chœurs au public, partant pour le coup, sur la chanson titre de son album, Symbiosis. Pour résumer, un beau moment, et une belle manière de patienter en attendant nos Néo-Zélandais de la soirée…
21h20 : on pouvait être un peu inquiet quant à la teneur du set de ce soir, étant donné le contenu extrêmement calme, minimal (voix, piano, et quelques cordes…) du nouvel album de The Veils, Asphodels, sorti deux jours plus tôt. Un coup d’œil sur les vidéos du concert de la veille, à Bruxelles, nous avait rassurés : Finn Andrews se présenterait bien sur scène en format groupe… Et l’intégration de Asphodels dans la setlist sera bien pensée, puisque, après une introduction musicale roots, Finn entre sur scène, très classe avec son grand chapeau, et nous annonce qu’il va commencer par jouer les nouveaux titres : quatre chansons qui seront interprétées d’emblée (Mortal Wound, The Dream of Life, The Ladder et O Fortune Teller), où seul le violon joue un rôle notable derrière Finn aux claviers. Les autres musiciens – guitariste, bassiste et batteur – restent quant à eux extrêmement discrets, assez logiquement. Deux autres morceaux du dernier album seront ensuite insérés au milieu des titres plus anciens, permettant une respiration bienvenue quand l’intensité émotionnelle culminera pendant le set…
On passe après cette douce introduction à une succession de titres extraits de la discographie du groupe, qui débute avec un revigorant Swimming with the Crocodiles, suivi d’un théâtral Here Come the Dead, dans un registre bien éloigné ! Tout le set sera alors construit sur une alternance bien pensée de titres posés, où Finn joue plutôt dans un registre émotionnel, et de véritables crises de nerfs qui permettent à The Veils de se transformer en une machine rock’n’roll étonnamment hantée, Finn semblant occasionnellement proche de l’épilepsie. Le titre le plus saisissant sera le magnifique Not Yet, où tout le groupe est pris de frénésie et où Finn se laisse aller à exprimer tout un tas d’émotions contradictoires, dans des grincements de guitare et avec un chant quasiment possédé… Toujours du côté rock noir et nerveux, la conclusion espérée par tous les fans, Nux Vomica, fera son petit effet.
Il est déjà 22h30, le couvre-feu se rapproche dangereusement, et le rappel de trois titres, dont l’un sera (plus ou moins) choisi par le public, se fera en mode intimiste et solo, au piano, et avec le renfort du violon pour conclure.
Tout le monde est heureux de cette heure vingt minutes d’un concert à la fois « traditionnel » – les racines de la musique de The Veils sont finalement assez classiques – et légèrement décalé par rapport à ce qu’on pourrait logiquement en attendre, les chansons étant régulièrement interprétées dans des versions assez différentes de celles des albums. Mais le plus heureux semble encore Finn, qui a des larmes dans les yeux presque à chaque fois qu’il s’adresse à nous, son public parisien, ses fans fidèles.
Espérons maintenant qu’ils reviennent très vite jouer à Paris.
Texte et photos : Eric Debarnot
Très bonne description de cette soirée et de ce concert. J’ai déjà vu ce groupe à plusieurs reprises et c’est toujours un plaisir. Le morceau « Nux vomica » est vraiment terrible ! Deux petites précisions : 1 ce band est anglo-néo-zélandais 2 Le leader Finn Andrews est le fils de Barry Andrews qui fut entre autres l’ancien claviériste de XTC. Bien à vous.
Je ne savais pas, moi grand fan d XTC, cette parenté entre Barry et Finn. Merci beaucoup pour cette information !
Pour être tout à fait honnête je ne me souviens plus si je connaissais cette information mais l’avais oubliée ou bien si je l’ai (re) découverte récemment. Le plus important c’est qu’elle ressorte pour enrichir l’analyse sur ce groupe.