Philippe Brunel remonte le temps pour nous replonger dans « l’affaire Markovic », cet ami d’Alain Delon, retrouvé assassiné, en 1968. Un roman teinté de mélancolie, dans lequel on suit la double enquête d’un jeune journaliste.
Philippe Brunel adore le cinéma, les vedettes au destin tragique comme il nous l’a montré dans son précédent roman, Laura Antonelli n’existe plus. Un livre dans lequel il rendait hommage à cette actrice italienne, qui, après avoir connu la gloire et les paillettes, a fini dans la déchéance et l’oubli.
Cette fois encore, il fait un bond dans le passé pour nous ramener aux années 60 et 70, pour évoquer le destin tragique d’un certain Stevan Markovic, un homme de l’ombre dont l’histoire, encore aujourd’hui, recèle une grande part d’ombre.
Cet homme, qui fut retrouvé mort assassiné, une balle dans la tête, était le secrétaire et garde du corps, mais aussi la doublure d’Alain Delon. Il vivait chez l’acteur, dans son hôtel particulier de l’avenue de Messine à Paris. Il s’occupait aussi de Nathalie, l’épouse de Delon. Mais quand ce dernier apprit que sa femme le trompait avec Markovic, il décida de se séparer de lui.
Delon fût-il pour autant impliqué dans la mort de de réfugié politique yougoslave qui, tout comme l’acteur star, fréquentait le milieu et un certain François Marcantoni ? On ne le saura vraiment jamais, même si, tout récemment, un document jamais versé au dossier d’instruction, a refait surface.
C’est donc à partir de ce fait divers que Philippe Brunel imagine un récit dans lequel un jeune journaliste démarre une enquête sur la mafia Varoise, au début des années 90, suite à l’assassinat d’un de ses pontes, Henri Diana. Parrainé par un vieux briscard du journalisme nommé Pierre Salberg, il va mener l’enquête, poussant ses investigations jusque dans les cercle mafieux pour tenter de comprendre si il y a un lien entre ces deux affaires, distantes de 25 ans.
Le cercle des objets est un roman qui plaira assurément aux amoureux des films de Jean-Pierre Melville et d’Alain Delon, dont l’ombre plane sur une bonne partie de ce récit.
Avec sa plus élégante, Philippe Brunel nous balade sur la Côte d’Azur, entre Hyères et Toulon, sur la presqu’île de Giens, où se rend notre d’un jeune journaliste pour travailler sur son enquête.
L’ancien journaliste sportif spécialisé dans le cyclisme nous offre là un récit emprunt de nostalgie qu’il distille au fil des pages, avec un soin tout particulier. La dernière partie du livre pourra même évoquer le style de Modiano, quand celui-ci mène ses enquêtes dans le Paris de l’après-guerre, à la recherche de personnages troubles.
Un roman rempli de fantômes, réels ou fictifs, de personnages pour la plupart disparus, sur lesquels planent toujours une part de mystère. Un livre à l’ambiance étrange et à la tonalité mélancolique, très agréable.
Benoit RICHARD