Avec le film Le mauvais camp 2, se boucle la grande épopée du formidable personnage qu’aura été Ferry Bouman. Une conclusion nettement en dessous du niveau de ce qui a précédé, mais qui permet à Frank Lammers de briller encore une fois.
Rappelez-vous : c’était en 2019, on découvrait dans la première saison de la série TV belgo-néerlandaise, Undercover, le formidable personnage de Ferry Bouman, parrain de la drogue en Belgique, qui vivait discrètement dans un camping plutôt miteux tout en régnant sur tout le trafic local. Un personnage tellement étonnant, tellement fort, et tellement « habité » par son interprète, Frank Lammers, que, en plus de réapparaître dans les saisons suivantes de Undercover, il a eu droit à son propre film (Le mauvais camp, en 2021) et sa propre série éponyme, qui nous ont permis de comprendre l’ascension de ce petit voyou devenu un grand ponte du crime organisé… Jusqu’à sa chute tragique.
Le mauvais camp 2 (titre original : Ferry 2) reprend les choses quelques années après que Ferry ait tout perdu, à la fois trahi par les siens et responsable lui-même de son destin, puisqu’il avait fait exécuter plusieurs de ses proches. Ferry végète, caché, dans un camping (décidément !) espagnol, où il divertit les enfants déguisé en Père Noël… Jusqu’au moment où sa jeune cousine, qui a fait de mauvais choix et se trouve elle-même impliquée dans un trafic d’ecstasy, vient le chercher pour qu’il l’aide à sortir de la situation désespérée dans laquelle elle s’est mise… Ce qui va le pousser à retourner dans le Brabant et régler d’anciens comptes.
Le scénario de ce Ferry 2 n’a rien d’original, tant on a vu d’innombrables films sur des truands retirés des affaires et revenant régler leurs comptes, pour s’apercevoir que les « fantômes dans le placard » sont encore bien là, et qu’ils risquent de payer cher ce retour vers le passé. La fin tragique de Ferry 2 est donc assez prévisible, mais n’empêche pas qu’on prenne du plaisir à suivre la trajectoire chaotique d’un personnage aussi grandiose et attachant que celui de Ferry Bouman.
Non, le gros problème de Ferry 2 réside dans les péripéties largement invraisemblables parsemant ce « retour », en particulier dans la dernière partie se déroulant dans un local de formation de la police, où il est apparemment possible de fabriquer tranquillement de l’ecstasy sans que personne ne s’en rende compte. Et puis il y a ces personnages secondaires – qui ont toujours été une force de la « saga Ferry Bouman » – et qui sont largement bâclés, tel celui du « grand méchant psychopathe », dont on ne voit guère les méfaits, ou pire encore, celui de la tueuse à gages, qui ne sert strictement à rien. Sans même parler du peu de sympathie que l’on éprouve pour Jez, la fameuse petite cousine, tête à claques intégrale, ce qui fait qu’on peine à comprendre l’attachement de Ferry pour elle.
Le mauvais camp 2 se suit sans déplaisir, même s’il s’effondre peu à peu au fil de son histoire, ce qui fait que ce que l’on aura finalement préféré, c’est son incroyable introduction espagnole, qui atteint des sommets de ringardise et de médiocrité (toujours l’un des aspects les plus précieux de la saga, ça, la ringardise des personnages et leur infinie médiocrité !), et permet à Frank Lammers de faire jouer sa « magie » encore une fois ! Et puis quand même cette jolie scène de conclusion, juste avant le générique de fin, dont on ne vous dira rien. Quant à la scène post générique, elle ne sert à rien, et on espère qu’elle ne laisse pas présager d’un nouveau spin off.
Il reste qu’il est dommage que l’enchaînement de séries et de films composant cette saga Ferry / Un mauvais camp se termine par le moins bon « volet » de tous.
Eric Debarnot