Dans le bouleversant La vie devant moi, Guy Birenbaum raconte les 765 jours durant lesquels sa mère et ses grands-parents sont restés cachés dans un chambre de bonne pour échapper aux rafles de Juifs dans Paris.
En 1942, la traque des Juifs s’intensifie dans Paris. Les maisons, les appartements sont perquisitionnés, fouillés complètement pour arrêter les porteurs de l’étoile jaune, et débusquer tout ceux qui voudraient échapper à la police. Le 16 juillet, c’est le jour de la terrible rafle du Vel’ d’Hiv’. Comprenant le danger qui pèse sur eux et n’ayant pas les moyens de fuir en zone libre, Tauba et ses parents, Rywka et Moshe Zylbersztejn, savent qu’il n’y a pas une minute à perdre. Ils décident de fuir pour aller se cacher dans une chambre de bonne, prêtée par Rose et Désiré Dinanceau, vivant à quelques rues de chez eux… Malgré le risque qu’ils prennent, ceux que l’on appellera plus tard, les « justes », vont, au péril de leur vie, héberger ce couple et leur fille, dans le plus grand secret.
Mais tout ce petit monde n’imagine pas, à ce moment-là, que la famille Zylbersztejn va être contrainte de vivre durant deux ans, – soit exactement 765 jours – recluse dans 6 m², avec juste un sommier, une table, un poêle à charbon, et dans le silence le plus complet afin de ne pas attirer l’attention de la police, des voisins et des visiteurs qui pourraient les dénoncer à tout moment.
C’est le récit incroyable de cette vie clandestine que nous fait Guy Birenbaum, lui, le fils de Tauba Zylbersztejn et de Robert Birnbaum, un jeune résistant, qui épousera Tauba après la guerre.
Avec moult détails, le journaliste, écrivain et éditeur, retrace ces deux années d’enfermement durant lesquelles la famille vivra dans la peur et dans l’angoisse, confinée dans cette petite pièce, avec comme seul horizon, une fenêtre donnant sur la cour de l’immeuble, et devant laquelle le père fera le guet jour et nuit pour observer les allers et venues des uns et des autres, et ainsi prévenir tout risque d’arrestation.
La vie devant moi est récit prenant et émouvant, qui se lira d’une traite ou presque, pour revivre le quotidien de cette famille juive, aidée par les Dinanceau, dont le courage, la solidarité et la persévérance leur permettront d’avoir la vie sauve.
À l’issue du récit, on pourra lire la retranscription de l’interview qu’a donnée en 1997 Tauba, alors âgée de 69 ans, à Steven Spielberg, dans le cadre de sa fondation USC Shoah. Un témoignage à travers lequel elle évoque la vie de ses parents, Juifs Polonais arrivés en France en 1930, alors qu’elle n’avait que 28 mois. Elle y raconte également son enfance, la guerre, la libération, et ce à quoi elle a consacré sa vie par la suite.
A noter que le 26 février 2025, sortira au cinéma le film de Nils Tavernier, La vie devant moi, adaptation du livre éponyme de Guy Birenbaum.
Benoit RICHARD