Bikini Beach – Cursed : sortir de votre igloo !

Bikini Beach, ce nom évoque un paysage de carte postale, mais ce serait se tromper : dans Cursed, se cachent  13 titres très resserrés dont l’énergie déborde en explosions soudaines !

BIKINI BEACH
Photo : Bikini Beach

Avec Cursed, les disciples de la fuzz en auront pour leur compte, les adeptes de la « Wild Surf Music » tout autant. Mais concilier la concision avec l’énergie est une toute autre affaire, surtout quand le VU-mètre est au rouge. Les ingrédients utilisés par Bikini Beach, groupe allemand à qui on colle toujours une étiquette Krautrock et qui a ici franchi une autre dimension, peuvent paraître classiques, mais ce serait ignorer le potentiel du trio qui a dans son sillage 6 albums tous affûtés avec la même lame tranchante.

cover BIKINI BEACH - CursedPour vous en convaincre, sautez les plages et mettez Blue à plein volume, un titre qui vous fera sortir de votre igloo, si tant est que l’hiver n’a pas encore dit son dernier mot : Bikini Beach brûlent les étapes et vous propulse déjà vers l’été. Pas le temps pour la bronzette, faut qu’ça embraye, des flashbacks en 1986 et même encore avant, période punk à roulettes, une certaine idée de la coolitude version survitaminée.

On ne saurait sur quel titre se focaliser, ça s’écoute d’un bloc. Le format est court, Miles from my mind qui approche des 3 minutes, laisse la part du lion à la bassiste Lotti Peach assistée de son comparse Nils Hagstrom. Le trio allemand ne laisse aucun répit, contrairement à ce que le titre Beg For Mercy suggère. D’acrobaties sonores foutraques en breaks bordéliques, qui parsèment les 13 titres (avertissement aux superstitieux !), Bikini Beach semblent être Made In USA : le trio s’est probablement évadé de ce monde complètement dysfonctionnel, pour y insuffler sa marque de fabrique, claques de cosaques et riffs aiguisés.

On peut croiser des influences telles que les Ramones, Ty Segall, les Fuzztones. Cursed correspond complètement à la situation actuelle, tout semble être ralenti, contrôlé, falsifié. Il y a un message derrière chaque titre, une dénonciation de l’aliénation dans laquelle se vautre une partie de l’humanité, mitraillée par la peur, et Liar Liar est une mise au point, un coup de gueule. Cursed envahit les oreilles, escortée d’une boule clignotante qui rebondit sur elle, gommant le décor de carte postale que laisse entrevoir la pochette, au demeurant très raffinée. Si accalmie il y a, c’est sur Cursed Century, réflexion et thématique centrale de l’album.

Ce début d’année 2025 s’annonce plus que prometteur, aussi bien pour le groupe que pour le public : la jeune génération refuse d’être biberonnée à la soupe tiédasse que déversent les radios populaires. Il y a un réel intérêt pour l’électricité qui relie instruments et amplis. Bikini Beach va défendre sa musique sur scène avec la même ferveur qu’en studio.

Franck Irle

Bikini Beach – Cursed
Label : La Pochette Surprise
Date de sortie : 7 février 2025

 

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