[Disney+] « Star Wars : Skeleton Crew » : Jack Sparrow à la recherche du trésor de Willy Le Borgne

C’est peu de dire que les séries de Disney aux confins de la galaxie sont loin d’être toutes des réussites à la hauteur des attentes sur la franchise. Avec Skeleton Crew, Disney choisit d’assumer de faire « du Disney » dans l’univers de George Lucas. Et… ça marche !

Skeleton Crew
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On a assez de recul maintenant, depuis le lancement de Disney+, pour dresser un premier bilan de l’exploitation de la franchise Star Wars par la multinationale aux oreilles de Mickey. En termes de réussites indiscutables, s’agissant d’élargir l’intrigue Jedi-orientée initiale, force est de constater qu’à part Andor, qui pousse la réflexion « sociale » commerce / empire / altermondialistes / démocratie à un degré qu’on n’avait encore jamais vu dans l’univers de la galaxie fort fort lointaine, peu de suites / préquels tirent réellement leur épingle du jeu depuis les Episodes I, II, III de la Guerre des étoiles.

Skeleton Crew afficheMandalorian, qui nous a enthousiasmé un temps, tenait surtout grâce à l’irruption des effets spéciaux créés en production virtuelle, eux qui rendent possible à la fois un jeu d’acteur enrichi et des images dingues. Ahsoka nous a fait un peu relever le sourcil, parce qu’elle élargissait l’étendue des connaissances sur l’apprentie d’Anakin Skywalker… Mais tout le reste est, au mieux, anecdotique. Oui, je sais, je suis magnanime : je fais même partie des rares qui n’ont pas entièrement conspué Le Livre de Boba Fett : là, franchement j’admets que je me suis contenté de peu.

Or voilà que, peu après l’à peine regardable The Acolyte (je chroniquerai si j’ai le temps), qui s’est perdu dans une mauvaise maîtrise de la jauge entre le « sérieux » que l’on doit aux fans quand on parle de la Force, et une volonté trop marquée d’un rajeunissement des spectateurs…, Disney sort Skeleton Crew, une histoire dont les enfants sont les héros. Soit, parce que je suis un vieux qui a encore un peu de mémoire, une sorte de nouvelle tentative pour réhabiliter le concept de juvénilisation qui était à l’œuvre dans « L’Aventure des Ewoks : La Caravane du courage » de 1984 (honni, oublié), mais remis au goût du jour, à la sauce 2024.

Vous pouvez vraiment vous dispenser de fouiller les archives pour retrouver la Caravane des Ewoks, et son générique chanté à l’époque par Dorothée. Mais qu’en est-il de cette aventure du Skeleton Crew, au pitch digne d’une production Spielberg : « Sur une planète cachée de la galaxie, une bande de gamins part à la recherche d’un trésor enfoui, tombe sur un vaisseau enterré qui semble s’être écrasé. Le réveil d’un droïde, mis en stase lors du crash, leur apprend qu’il s’agit du vaisseau stellaire d’un pirate de l’espace. Et ce qui devait arriver arrive : voici cette petite bande de gamins transportés à la vitesse de la lumière à l’autre bout de la galaxie. Perdus dans l’espace ! »

J’avoue que je n’en attendais pas grand-chose, rien de plus qu’une série pour accompagner ma gamelle du midi. Et j’ai été agréablement surpris. En laissant un peu de côté la révérence à la chronologie et aux poncifs de l’univers Star Wars, Skeleton Crew réussit un très jouissif « Goonies » pour une nouvelle génération d’enfants biberonnés à l’univers des robots de l’espace. Soit une quête menée par des enfants dans l’univers de la Guerre des étoiles : oui, même qu’on voit des sabres laser, et que les enfants rêvent d’épopées de Jedis sans jamais en avoir vu un seul…

Toute la petite bande  se retrouve donc catapultée aux confins de la galaxie, et poursuivie par des vilains patibulaires qui veulent percer le secret de leur téléportation. Ils sont pris en charge par un trouble personnage, incarné par Jude Law qui mélange sa facilité à jouer des méchants machiavéliques avec une attitude « à la Jack Sparrow de Pirates des Caraïbes » que je ne lui connaissais pas, mais qui lui va plutôt bien.

La saison de huit épisodes de 46 minutes s’avale rapidement, et pourrait être l’objet d’un rendez-vous ciné en famille sur une semaine ou deux de vacances. On se laisse attraper par cette histoire aux enjeux enfantins, avec des personnages campés comme des héros d’une épopée homérique, et beaucoup de micro-références à l’univers cinématographique qui sert de décor à l’aventure. L’ensemble se regarde en famille, et les quelques combats de blaster ou d’épée ne me semblent pas de nature à choquer un enfant dès 7-8 ans, disons. Les enfants acteurs jouent leur rôle avec un réel plaisir, à la manière des film Disney, et Jude Law, en chef de colo, arrive à passer d’une attitude à l’autre avec une réelle efficacité. Ici, les droïdes ont du caractère, les pirates sont caricaturaux comme les piratroces de SamSam et, évidemment, les enfants jouent le rôle de héros qui sauvent la galaxie face à des parents à la ramasse. On ne voit pas trop le temps passer pour autant qu’on n’en attende pas un saut majeur dans l’univers étendu de Star Wars.

Tous les ingrédients d’une bonne série familiale comme Les Goonies, Maman, j’ai raté l’avion ou même Indiana Jones le furent pour d’autres générations, sont présents : c’est le genre de petits plaisirs coupables qu’on ose pas s’avouer aimer une fois ado, et qui deviennent des classiques de la nostalgie quand on a fini de grandir. J’espère que, au vu des audiences, l’ogre à oreilles de Mickey ne va pas presser cette histoire jusqu’à la moelle. Parce que jusqu’à la fin de la saison ouverte… l’ensemble se tient vraiment bien dans son genre de divertissement pour petits et grands.

À mon sens, une réussite pour une série de genre qui admet enfin que Star Wars est maintenant une franchise de Mickey.

Denis Verloes

Star Wars : Skeleton Crew
Série TV US de Christopher Ford et Jon Watts
Genre : aventures, film jeunesse, science-fiction
Avec : Jude Law, Ravi Cabot-Conyers, Ryan Kiera Armstrong, Kyriana Kratter…
8 épisodes de 35 minutes mis en ligne (Disney+) de décembre 2024 à janvier 2025.

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