Le groupe français Last Train vient de sortir son 3e album. Avant d’entamer une tournée à travers la France, on leur a demandé d’évoque quelques albums d’hier et d’aujourd’hui, qu’ils apprécient particulièrement.
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Alors qu’ils viennent de sortir leur troisième album, le bien nommé III, Last Train vont reprendre la route pour enflammer les foules à travers toute la France. C’était le bon moment pour leur poser la question des albums qu’ils aiment, et de ceux qu’ils ont toujours aimés. Et leurs réponses confirment l’originalité de leur démarche musicale, leur volonté de faire du Rock en sortant des sentiers battus : tout simplement passionnant !
5 disques du moment :
Father John Misty – Mahashmashana
On connaissait déjà son talent pour la folk, mais cet album pousse encore plus loin son sens de l’orchestration. Dès le premier morceau, une ballade de dix minutes, il nous plonge dans une atmosphère dense et envoûtante. Chez Last train on attendrait la fin du disque pour un tel crescendo, lui choisit d’ouvrir avec une telle intensité. Le reste de l’album oscille entre envolées et incursions électro subtiles, une évolution surprenante et qui fait du bien.
Johnny Jane – Attitude(s)
C’est un premier album pop-rock ambitieux, porté par un vrai sens du songwriting et des refrains marquants. On y retrouve des influences évidentes des années 2000 qu’on pourrait avoir en commun, mais avec une approche moderne. Ses textes, empreints de nostalgie, résonnent particulièrement avec nous, notamment sur des titres comme Bye Bye ou Normal, qui capturent parfaitement cet équilibre entre mélancolie et énergie brute.
Doechii – Alligator Bites Never Heal
Difficile de passer à autre chose après sa performance magistrale sur Tiny Desk. Tout y est précis, vibrant, incroyablement orchestré. Elle est un vrai vent de fraîcheur dans le rap US, elle a d’ailleurs reçu un Grammy il y a peu. Son album est dense, foisonnant, mais reste d’une accessibilité déconcertante. Mention spéciale aux couplets de Catfish, qui s’imposent instantanément comme des classiques.
Lola Young – This Wasn’t Meant For You Anyway
À seulement 23 ans, Lola Young livre un album aussi percutant qu’empreint de promesses. Son écriture directe et sans détours fait mouche, transformant ses textes en poésie brute et actuelle. Messy est l’exemple parfait d’un titre qui touche immédiatement une génération entière, et qu’on a d’ailleurs retrouvé partout sur les réseaux. C’est un morceau sincère et viscéral qui marque les esprits.
J. Bernardt – Contigo
On suit de près tout ce qui gravite autour de Balthazar, et les projets parallèles de ses membres ont toujours été une source d’inspiration pour nous. Contigo s’inscrit parfaitement dans cette continuité, avec des arrangements racé et une tension contenue qui fait toute sa force. L’alternance entre élégance et intensité nous parle beaucoup. Les morceaux comme Taxi ou Last Waltz en sont de parfaites illustrations.
5 disques pour toujours :
Wu Lyf – Go Tell Fire to the Mountain
C’est un album extrêmement important pour nous. C’est une des premières fois où nous nous sommes rendus compte qu’un groupe pouvait mélanger la sensibilité du post-rock, une écriture jeune et actuelle, et l’énergie du rock pour la mettre au service d’une puissante mélancolie. C’est un disque d’espoir, très touchant. On a aussi été très inspirés par la méthode d’enregistrement du disque. Le groupe a investi une église désaffectée pour enregistrer des prises avec une réverbération naturelle qui hante l’album. Le fait de sentir à ce point le lieu donne à l’album une aura quasi mystique. Wu Lyf correspondait à un idéal en dehors de la marge, un cri de ralliement. Wu Lyf nous a offert une autre lecture de ce que pouvait être le rock, de ce que pouvait être un groupe de copains.
NIN – The Fragile
On a découvert cet album grâce à notre réalisateur studio, Rémi Gettliffe (White Bat Recorders). Je me souviens, la première fois que je l’ai écouté, du mélange d’émotions et de surprise que je ressentais à chaque titre en me disant : « Oh wow on peut faire ça ? C’est autorisé de mélanger ces textures entre elles ? » Ça a été une grosse claque. C’est un double album d’une richesse incroyable, et à chaque réécoute, je découvre encore des arrangements ou des idées de production. Je pense que c’est cet album qui nous a fait comprendre que le rock, ce n’était pas forcément seulement deux guitares, une batterie et une basse. Le rock peut être audacieux et novateur, et surtout, le studio et la production sont des instruments à part entière dans la fabrication d’un disque.
Radiohead – In Rainbows
C’est un album qu’on a découvert un peu plus tard que les deux précédents. Je pense qu’on a sérieusement commencé à apprécier Radiohead une fois que notre premier album était derrière nous. Chaque titre a une particularité, que ce soit la signature rythmique de 15 Step ou de Reckoner, ou encore les arpèges de Weird Fishes. Pourtant, tout sonne simple, évident et accessible. C’est sans doute dû à la beauté et au dépouillement des mélodies et des arrangements. Ça a été un déclencheur pour nous. C’est à ce moment qu’on s’est rendu compte qu’une mélodie simple avec quelques harmonies pouvait avoir une force émotionnelle bien plus grande qu’un riff de guitare. Cela a complètement changé notre manière d’écrire.
We Were Promised Jetpacks – In the Pit of the Stomach
Leur premier album nous avait déjà marqués, notamment avec des titres comme Keep Warm. Mais la sincérité et le côté sombre de celui-ci nous ont vraiment transportés. On retrouve les racines mélodiques du premier album, mais l’innocence a laissé place à une certaine rage. Les instruments sont plus saturés et apportent une profondeur émotionnelle aux morceaux, qui nous parlent intensément. Il y a aussi une manière particulière de construire les titres sans se soucier de créer un single, mais en cherchant à produire un album entier, cohérent, qui ne peut que forcer l’admiration.
The Bronx – The Bronx (I)
C’est un tout premier souvenir que j’ai d’avoir découvert un disque. Bien plus punk que les autres albums de cette sélection, The Bronx nous a marqués par l’énergie folle qu’ils ont réussi à capturer en studio. Chaque titre est un combat de boxe, avec des enchaînements qui te laissent à la fois le souffle haletant et survolté. En même temps, on retrouve un dernier titre qui fait ici office de ballade et qui prend davantage son temps. L’énergie de ce groupe a été l’une des pierres fondatrices de Last Train, et c’est en s’imaginant jouer des titres comme ceux-ci devant un public qu’on a eu envie de monter sur scène.
Last Train ont sorti le 31 janvier leur nouvel album, III, dont est extrait le titre One By One :
La tournée 2025 de Last Train :