… et voilà le second avis promis sur le troisième et dernier concert parisien de Jack White. Loin de toute nostalgie, l’absence de muséification de cette fidélité aux classiques, ainsi que l’engagement visible de White tout au long de son (trop court) set ont rendu la soirée appréciable !
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Si la volonté de Jack White de ne donner que des concerts dans des petites salles a fait parler, la spécificité de ce concert dominical au Trianon serait plutôt son caractère « londonien », lié à la fois à la volonté de White de faire court et à son horaire de début. Londres, cette ville réputée pour son offre de concerts… mais aussi pour ses fins de concert souvent pas très tardives afin de respecter la quiétude du voisinage. De ce côté-là, White était même en avance sur les usuelles heures limite londoniennes, le public étant renvoyé sur le quai du métro Anvers vers les 21h15. Quand bien même il s’agissait d’un dimanche soir, cela avait quelque chose d’assez perturbant.
Mais, avant, il y a la première partie de Bleakness. On ne peut pas dire que l’implication manquait de leur part. Mais il manquait quelque chose de contemporain à ce Hardcore US fin des années 1980 / début des années 1990, mâtiné d’un peu de New Wave.
Puis vient White. Avec cette fois un Rock fidèle aux classiques, sans sembler muséifié. Celui de son dernier album solo en forme de retour partiel vers les White Stripes, et formant une partie non négligeable du set, quand bien même le répertoire du soir pioche aussi chez les Stripes, Dead Weather et les Raconteurs. Telle ou telle partie de guitare évoquant les (guitar) héros musicaux de White, tel orgue psychédélique. Mais aussi des ruptures de rythme et de tons, des hurlements vocaux ou parfois un ton farceur (Archbishop Harold Holmes) comme éléments plus contemporains. Le tout enchaîné avec quasiment zéro temps mort. Entre les tremblements de terre ressentis dans la fosse et un public accompagnant le moment où White ôte sa veste par des cris très « Brad Pitt vient d’enlever son blazer », le public a répondu présent.
Mais heureusement, contrairement à Alex Turner à Saint-Cloud, White semblait concerné, et interagissait vraiment avec le public. Et ses solos de guitare ne sombraient jamais dans la démonstration technique pure. Petite déception : un Seven Nation Army trop court alors qu’on aurait bien pris une rallonge du morceau qui rendrait presque acceptable le terme « Rock de stade ». On a ressenti une pointe de frustration chez une partie du public. Mais, personnellement, je préfère une Série B américaine des années 1950 allant à l’essentiel à un blockbuster à la longueur gonflée artificiellement…
Je dois cependant avouer une chose : le plaisir pris au concert est sans doute en partie lié à mon absence de nostalgie des White Stripes. Mon lien personnel puissant au Rock est, sur la période post-1980, bien plus souvent passé par Albion que par le continent américain. Mon moment White Stripes, c’était en 2003 avec cet Elephant au titre raccord de la très bonne Palme d’or de cette année-là. Mais si le fait que les Stripes ne fassent pas partie des mes groupes totem m’a rendu ce concert plaisant, pourquoi pas ?
Texte : Ordell Robbie
Photos : Cédric Rizzo / Eric Debarnot