Présentant exactement les mêmes défauts rédhibitoires que sa série (quasi) jumelle, The Night Agent, la seconde saison de The Recruit est un échec cinglant. Plus grave, on se demande désormais si sa description satirique du monde de l’espionnage US ne sert pas le discours de Trump et Musk ?
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Le hasard, malicieux pour le coup, a voulu que Netflix mette en ligne à peu près au même moment la seconde saison de deux séries « d’espionnage » présentant bien des points communs, The Night Agent et The Recuit. Des secondes saisons que nous avons, dans les deux cas, attendues plus que l’année « rituelle » séparant les diffusions « normales », et qui présentent non seulement des sujets similaires, mais souffrent également des mêmes gros, gros défauts !
On s’explique : le jeune agent inexpérimenté travaillant pour une organisation de « Black Ops » et réalisant des missions inavouables pour le gouvernement US de The Night Agent est ici remplacé par un jeune « avocat » inexpérimenté travaillant pour la CIA. Mieux, ou pire, les deux saisons racontent les conséquences d’un fiasco obligeant le « héros » à devenir « rogue », comme on dit désormais, pour essayer de sauver son organisation. A partir de là, dans les deux cas, il y a une accumulation absolument invraisemblable de voyages instantanés à travers le monde, de rebondissements absurdes, de situations impossibles desquelles les héros se sortent miraculeusement, de scènes d’action correctement réalisées mais excessives, etc.
Seule originalité – si l’on veut – de The Recruit, c’est que la Corée du Sud en est l’un des principaux décors, qu’il y a donc des personnages coréens qui nous changent du tout venant de la série US, et que l’on peut donc voir ça comme une reconnaissance de l’importance du Pays du Matin Calme dans le paysage audiovisuel (cinéma et séries TV) mondial.
Il serait donc assez facile pour nous de « critiquer » The Recruit, il suffirait de faire un copié-collé de nos commentaires sur The Night Agent, et le tour serait joué (… même si une différence notable entre les deux est que The Recruit essaie d’être drôle, lui… sans trop y réussir cette fois-ci !). Risquons-nous plutôt dans une réflexion un peu « méta » sur ce que cette seconde saison nous raconte : d’abord, que les agences de renseignements travaillent avant tout pour se sauver elles-mêmes des conséquences des erreurs qu’elles ont commises, des mauvaises décisions qu’elles ont prises, sans aucune réelle préoccupation pour l’intérêt national. Ensuite, qu’elles sont peuplées de gens pas très compétents qui passent surtout leur temps à grenouiller pour assurer leur évolution hiérarchique. Enfin, que l’argent (du contribuable) n’est jamais un problème, et qu’on peut toujours trouver quelques millions de dollars pour acheter la collaboration d’un agent ennemi ou d’un truand pourtant absolument pas recommandable…
… Au point que cet esprit satirique, voire ce cynisme, devient extrêmement gênant dans le contexte de ce qui se passe actuellement aux USA. Espérons que Trump ne tombera pas sur cette série, il n’y trouverait que de bonnes raisons d’envoyer Musk virer tout ce joli monde et « économiser » des milliards de dollars !
Eric Debarnot