L’horreur cosmique de Lovecraft rencontre l’aventure historique dans ce récit captivant. Entre batailles, mystères et créatures indicibles, Randolph Carter traverse le désert libanais, affrontant l’inconnu et l’effroi.

Créer et imposer un héros nouveau est de plus en plus hasardeux. Les maisons d’édition vivent de l’exploitation de séries, de reboots et d’univers élargis. Or, Lovecraft vend bien. Si le « reclus de Providence » a relativement peu écrit, son univers est inépuisable.
Considéré comme le double de H. P. Lovecraft, le brave Randolph Carter apparaît dans sept de ses récits. Souvent narrateur, le gaillard est émotif et indiscutablement courageux. N’ose-t-il pas affronter et décrire l’innommable monde des Grands Anciens ? L’univers du terrifiant Cthulhu et de ses épigones…
Rapide et efficace, le trait de Jovan Ukropina nous offre de jolies grottes peintes et de belles vues aériennes de la cité maudite. Ses scènes d’actions sont bien menées et, attendus fébrilement par le lecteur, ses monstres apparaissent suffisamment tard pour nous en mettre plein la vue.
Le scénario de Simon Treins est solide. La lecture du premier tome n’est pas nécessaire pour apprécier le second. Engagé dans l’armée française, Randolph Carter a survécu à la guerre des tranchées. Muté au Liban, il est chargé de surveiller le retrait des forces turques. Rien ne se passera comme prévu.
La reconstitution historique est sérieuse : le contexte politique et les caractéristiques des automitrailleuse Rolls-Royce sont parfaitement décrits. La réunion de la Légion étrangère, du désert et des montres évoque le distrayant film La Momie de Stephen Sommers. La suite est sans surprise, mais bien amenée. Conformément au cahier des charges, vous aurez un général corrompu, des indigènes inquiets, une secte démoniaque, des hordes de goules et un dieu vengeur.
Carter s’élance avec deux véhicules et une dizaine d’hommes. La petite troupe s’enfonce dans un étrange désert, ignore les avertissements d’un vieillard, découvre une insolite et inquiétante ville fantôme, puis plonge dans l’indicible horreur. La curiosité et la quête de pouvoir sont de vilains défauts.
Stéphane de Boysson
Randolph Carter, tome 2 : Par-delà les portes d’ivoire et de corne
Scénariste : Simon Treins
Illustrateur : Jovan Ukropina
Éditeur : Soleil
56 pages – 15,95 €
Parution : 8 janvier 2025
Randolph Carter, tome 2 — Extrait :
