« Mourir en juin » d’Alan Parks : le meilleur du polar écossais

Sixième enquête de l’inspecteur écossais Harry McCoy, Mourir en juin confirme l’excellence d’une série romanesque absolument remarquable. A ne pas rater !

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DR

Dès Janvier noir, première apparition du bougon Harry McCoy, on avait pressenti que la série romanesque d’Alan Parks allait devenir une référence incontournable du polar contemporain. Tous les ingrédients chers aux amateurs du genre étaient là : la peinture d’une ville (Glasgow) et d’une époque (les années 70) ; un personnage complexe, torturé et attachant (McCoy, donc) et des enquêtes passionnantes dans une société en pleine mutation. Parks démontrait d’emblée sa capacité à s’approprier tous les codes du roman noir pour en proposer une énième variation, efficace et riche de potentialités. Quatre romans ont paru depuis (L’Enfant de février, Bobby Mas forever, Les Morts d’avril et Joli mois de mai), quatre réussites aujourd’hui complétées par ce formidable Mourir en juin. Chaque volume reprend les mêmes éléments mais, comme l’indiquent les mois de l’année présents dans chaque titre, la chronologie des événements et l’évolution des personnages incitent à privilégier une lecture dans l’ordre de ces différentes enquêtes d’Harry McCoy.12
Dans ce sixième tome, un soleil rassérénant éclaire et réchauffe une ville de Glasgow agitée par de nombreux travaux : la ville écossaise évolue, change, mute et ressemble de moins en moins à celle que McCoy connaît pourtant si bien. McCoy, quant à lui, va mieux depuis le dénouement du très sombre Joli mois de mai : son ulcère ne le fait plus souffrir et il vit une belle histoire d’amour avec une femme magnifique. Mais McCoy et son adjoint Wattie, temporairement mutés dans un commissariat de Possil, vont être confrontés à plusieurs affaires particulièrement sordides : un homme a été torturé et battu à mort ; une femme débarque au commissariat pour signaler la disparition de son fils… un enfant que personne ne connaît et qui ne semble pas exister ; et pendant ce temps, un dangereux psychopathe distribue aux sans-abris de Glasgow des bouteilles d’un vin empoisonné… Les cadavres s’accumulent et McCoy va devoir, une fois de plus, se confronter aux différents visages du crime, au risque d’être lui-même contaminé par ce Mal protéiforme qu’il côtoie depuis si longtemps.

Au risque de se répéter, il faut souligner le talent d’Alan Parks, sa capacité à réutiliser des codes et des motifs littéraires parfaitement connus. Quand on ouvre l’un de ses romans, et Mourir en juin ne déroge pas à la règle, on éprouve ce sentiment rassurant d’être en terrain conquis. On retrouve là en effet des éléments d’emblée familiers : les multiples enquêtes qui finiront par s’entrelacer, les doutes d’un flic qui évolue sur le fil entre légalité et illégalité… A cela s’ajoute aussi le plaisir de retrouver des personnages que l’on connaît bien : le jeune Wattie, de plus en plus sûr de lui ; Murray le patron et mentor de McCoy ; Stevie Cooper, l’ami d’enfance devenu l’un des plus dangereux criminels de Glasgow…

Et puis, bien sûr, il y a McCoy, personnage passionnant qui, roman après roman, acquiert une épaisseur digne des plus grandes figures du polar moderne (on pense notamment à d’autres « Harry » : le Bosch de Michael Connelly ou le Hole de Jo Nesbø). Confronté à la peur de voir son père (un clochard alcoolique) mourir à cause de ce poison qui circule dans les squats délabrés, McCoy, une nouvelle fois, vacille : ses doutes et ses peurs le dévorent. Et s’il reste ce policier obstiné capable d’aller au bout des enquêtes les plus tortueuses, il semble en permanence sur le point de s’écrouler.
On l’aura compris, Mourir en juin est une réussite, une de plus, et qui s’achève sur une scène qui soulève bien des questions quant à la suite de cette série. Autant dire que l’on attend déjà juillet avec impatience.

Grégory Seyer

Mourir en juin
Un roman d’Alan Parks
Traduit de l’anglais (Écosse) par O. Deparis
Éditeur : Rivages/Noir
464 pages – 22 €
Parution le 12 février 2025

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