20/20 – Back to California : Un retour inespéré

Loin d’être un groupe prolifique, 20/20 vient de sortir son premier disque en 27 ans. Une déclaration d’amour à Los Angeles sur fond de rock racé.

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Ceux qui continuent à acheter des CD et des vinyles le font principalement par amour de l’objet. Pour le dernier album de 20/20, la séduction commence justement par la pochette. Une magnifique photo de nuit d’un carrefour de Los Angeles qu’on croirait sortie des repérages d’un film de Michael Mann, le mythique Whiskey a go go dans le fond avec le nom du groupe apparaissant comme étant le résident du jour, une jolie calligraphie, l’affaire est conclue, nous sommes pris en piège, ce disque semble avoir été fait pour nous, il va falloir se pencher sur son cas.

20-20-album20/20 est un groupe américain formé en 1977 sous la houlette de Steve Allen (Guitare) et Ron Flynt (Basse, vocaux). Le groupe a eu son heure de gloire relative entre 1977 et 1983 grâce à trois albums de pure Power pop sous influence Flaming Groovies : 20/20, Look out ! et Sex trap, avec des morceaux assez irrésistibles comme Out of my head, Yellow pills ou American dream. Le groupe s’est alors séparé prématurément avant de revenir une dizaine d’années plus tard pour deux disques. Après une nouvelle séparation de 27 ans, il revient maintenant, à la surprise générale, avec à la batterie Ray, le rejeton de Ron Flynt, maintenant largement soixantenaire.

Première impression, le songwriting a muri, la power pop est un peu délaissée, nous sommes dans de l’Americana traditionnelle, même si la prédominance des harmonies rappelle la jeunesse du groupe. Pendant 40 minutes vont roder les ombres de Roger Mc Guinn et de David Crosby, ainsi que  le fantôme de Glenn Frey, mais également des parrains du rock américain des 40 dernières années.

Les deux premiers morceaux donnent le ton. Dans un premier temps, le morceau titre avec ses arpèges élégants et sa mélancolie californienne (« The canyon is a lonely place, it can leave you on your own. When the poet falls from grace he is a long way from his home » – Le canyon est un endroit solitaire, il peut te laisser seul. Quand le poète tombe en disgrâce, il est loin de chez lui). Le morceau semble répondre au California de Joni Mitchell : « Give me a date and time, you’re coming back to California » (Donne moi la date et l’heure où tu reviens en Californie). Une entrée de matière parfaite.

Why do I hurt myself est plus léger, porté par une jolie ligne de basse et des harmonies que R.E.M n’aurait pas reniées, avec un solo de grande classe. Difficile de ne pas voir ensuite une référence à Don Henley avec The end of the summer et sa nostalgie assumée de la jeunesse perdue, tandis que Bruce Springsteen pourrait avoir inspiré les paroles de Lucky Heart (« Out on the highway they smile at each other » – ils se sourient là-bas sur l’autoroute).

Le disque regorge d’autres morceaux marquants : le très réussi Sparks lorgnant sur Tom Petty, ou Long distance call, très bluesy et surtout l’indispensable Laurel Canyon, aves ses guitares imparables, qui s’inscrit aussi dans un passé révolu (« Always revolution in the air, and barefoot girls dance on the corner » – La révolution est toujours dans l’air et des filles aux pieds nus dansent dans le coin).

On termine par l’apaisé Farewell, en espérant que le groupe, continuant sur son élan, ait un autre album de ce calibre en lui.

Laurent Fegly

20/20 – Back to California
Label : Spyderpop records
Date de sortie : 17 janvier 2025

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