Some New Kind of Kick n’est pas seulement le défilé de moments extravagants et de personnages hauts en couleurs attendu de l’autobiographie d’un ex-Gun Club, ex-Cramps et ex-Bad Seed. Il raconte surtout comment Kid Congo Powers finit par se trouver en empoignant un instrument (la guitare) dont il ne savait pas jouer.
Un livre concernant seulement le Gun Club, les Cramps et les Bad Seeds serait en soi, pour le meilleur et pour le pire, la promesse d’évènements réels rivalisant avec l’imagination de bien des auteurs de fiction. Alors lorsqu’un ancien membre de ces trois groupes s’attelle à son autobiographie… Heureusement, le livre de Kid Congo Powers réussit à dépasser le simple récit de moments extravagants (qui suffirait pourtant à donner envie de tourner les pages). Some New Kind of Kick donne chair au My life was saved by Rock’n’roll reedien.
Le Rock est pour Kid Congo le début du chemin pour assumer son homosexualité… mais aussi la possibilité de croiser la route de marginaux parmi la marge : il ne se reconnaissait en effet pas dans la culture gay dominante à la fin des années 1970, celle incarnée par le Disco.
Deux photos du livre résument cette quête identitaire. Une première où on le voit sapé à mort pour avoir un look raccord des Sparks qu’il va voir live. Cela ne lui va pas mais il commence à se trouver. Puis plus tard, devenu Bad Seed, posant à Hong Kong l’air menaçant devant un de ces HLM donnant leur cachet aux polars locaux. Il s’est trouvé. En croisant les fans de Rock les plus passionnés, les clones de ses idoles… et finalement en collaborant avec ses idoles.
Le livre raconte aussi la plongée facile dans l’addiction à la drogue, la difficulté à en sortir lorsqu’on a autour de soi un Jeffrey Lee Pierce et un Nick Cave période destroy… pour finir par y arriver sur la durée. Il narre enfin comme Kid Congo surmonte la peur des relations intimes et sérieuses avec un homme.
L’impact de Bowie et du Punk sont, entre autres, évoqués. Ziggy Stardust comme reflet pour un homosexuel au début des années 1970 de sa sensation d’être alien et de son aliénation au monde. Les Ramones comme figures de rockers proches du public, à l’opposé de la distance des mégastars des années 1970. Rien de plus punk aussi qu’un Jeffrey Lee Pierce convaincant Kid Congo de devenir guitariste de son groupe alors que son dernier ne sait pas jouer de la guitare.
En fin de bouquin, on trouve les éloges de VIPs lecteurs (Jack White, Henry Rollins, Lydia Lunch, Flea, Nick Cave, feu Mark Lanegan). Mais surtout ce remerciement résumant l’esprit du bouquin : Mes pensées vont à Jeffrey Lee Pierce, Lux Interior, Poison Ivy et Nick Cave, qui ont su voir en moi quelque chose que je n’avais pas perçu et qui m’ont accueilli dans leur univers, m’aidant à développer et affermir mes capacités.
Ordell Robbie