Loué par Dieu/Clapton en personne et se produisant cette année à Rock en Seine, Mk.gee est un guitariste dont le son fascine autant la critique anglo-saxonne que les apprentis de la six cordes sur la toile. Singulier et inégal, son premier vrai album Two Star & the Dream Police, sorti en 2024, était fortement marqué par les années 1980.

Mk.gee, c’est un guitariste qui a eu droit l’an dernier aux louanges d’Eric Clapton. Ainsi que de LORD$ sur ce site. Et qui sera programmé cette année à Rock en Seine. Un natif du New Jersey qui fut fasciné par ce que les Black Keys produisaient avec une économie de moyens… et par le funk de Sly Stone. Il sort son premier single en 2017 et se produit au Festival Pitchfork à Paris en 2019.
Les EPs Pronounced McGee et Fool, sortis en 2018, sont écoutables mais pas encore d’une personnalité affirmée, évoquant le Daft Punk de Random Access Memories. La mixtape A Museum of Contradiction, sortie en 2020, marque une étape décisive. Rayon ton et atmosphère, on pense un peu au Blood Orange de Coastal Grooves et à ce Frank Ocean qui a adoubé Mk.gee.
Il y a surtout le son de guitare d’un musicien ayant appris à jouer de l’instrument d’un contrebassiste, parce qu’il souhaitait un apprentissage basé sur la recherche plus que sur la technique. Il pince fortement les cordes, avant de réarranger le son a posteriori. Un son qui pourrait être décrit comme un mélange de saturation, des accords introductifs de Wendy Melvoin sur le morceau Purple Rain et d’Andy Summers. Un son auquel la participation à l’album Absolutely de Dijon apportera une petite notoriété supplémentaire.
Ce qui amène à Two Star & the Dream Police, premier album studio sorti il y a un peu plus d’un an, et suivi d’un Elysée Montmartre complet en novembre. New Low ouvre l’album sur le terrain d’un RNB expérimental, entre son agressif et ton funk années 1980. Mais il ressemble mélodiquement à un brouillon de chanson. La balade How many miles est nettement plus convaincante, avec son atmosphère à la Miami Vice la série/GTA Vice City.
Are You Looking Up mélange lui une mélodie soul/reggae avec les cordes pincées du guitariste. DNM est sur le terrain d’un funk jacksonien parsemé d’effets de saturation tandis que You got it évoque certaines balades de Frank Ocean. Rylee & I représente le moment où l’expérimentation sonore fait dans le gratuitement original. Candy flirte avec le mauvais funk commercial années 1980, travers que retrouvera plus loin Alesis.
I Want, avec son motif répétitif évoquant vaguement Every breath you take et son côté Coastal Grooves, est nettement plus réussi. Breakthespell a une belle partie instrumentale mais ressemble à une esquisse côté mélodie. Little Bit More a quelque chose du versant (trop) commercial de Stevie Wonder, avec un peu de mélancolie en plus. Le Dream police final évoque lui rayon sonore – comme son titre l’indique – The Police. Il y a un flirt avec le côté facile d’un certain mainstream des années 1980, mais le morceau s’en tire sur le fil.
Ce premier album est assez réussi, mais il contient les écueils futurs possibles de la carrière de cet artiste choisissant une certaine discrétion. Le danger du trop commercial que pourrait favoriser le culte naissant des vidéos Youtube expliquant par le menu à tout guitariste en herbe comment imiter son son. Ou à l’inverse celui du arty. À suivre.
Ordell Robbie
Mk.gee – Two Star & the Dream Police
Label : R&R
Date de parution : 9 février 2024