« La Spirale du Milan Royal », de Vincent Maillard : La croisière s’abuse

Dans La Spirale du Milan Royal, Vincent Maillard raconte avec un humour corrosif, la reconstruction d’une famille après une cruelle tragédie. Aussi haletant et bien construit que son précédent roman, Le smoking des orques.

Vincent Maillard 2025

Laure a sauté du pont du Spirit of Ulysse. Dans l’absolu, je peux comprendre les envies de suicide sur un bateau de croisière. L’enfer sur mer pour les amoureux du grand large et de la solitude. Mais la jeune femme n’est pas passée par-dessus bord à la vue d’un cours d’aquagym autour de la piscine, ou à l’idée de participer à la submersion (mot que je me risque à déshabiller de guillemets) journalière chronométrée de vikings en tongs d’un paradis sur terre.

MAILLARD_LA SPIRALE DU MILAN ROYALMaîtresse d’un politicard de province peu recommandable et peu pressé de quitter son épouse, Laure a fait connaissance de Joséphine Coll, passagère la plus importante de ce roman, engagée avec son groupe pour animer les soirées digestives des aventuriers de l’immobile.
Aussi pirate que cynique, Joséphine cultive son côté désagréable et son humour qui pourrait détartrer un requin blanc, depuis la mort de son frère aîné, Baptiste, vingt-six ans plus tôt lors d’une escapade d’escalade en Ardèche. Voilà pourquoi je préfère la vie à la vue.

Comme la traversée dans le pédiluve qu’est devenu la Méditerranée se déroule à la date anniversaire de la mort de son Brother adoré, Joséphine a convaincu ses parents éplorés et son second frère, du genre bulot marié à une méduse, de monter à bord.

Au deuil impossible va se greffer ce mystérieux suicide et Vincent Maillard va nous faire survoler tous ces personnages fissurés du coeur non pas avec le regard arrogant d’un goéland ou le vol malhonnête d’une mouette, mais avec le volatile majestueux du titre, chaînon manquant toujours en arrière-plan. Petit paragraphe pour les ornithologues à jumelles et amateurs de piafs un peu tête en l’air. Moi, je suis plutôt poulet rôti du dimanche.

Aussi haletant et bien construit que son précédent roman « le smoking des orques », que je conseille, le récit se lit comme un journal de bord courageux qui s’autorise des plongeons dans le passé à marée basse, la cale inondée de peine mais dans un style qui embarque une bonne cargaison d’humour corrosif.
Avec son intrigue originale et son dénouement un peu haut perché, ce roman ne m’a pas rabiboché avec la transhumance sur des centres commerciaux flottants ni donné des envies de grimpette en rappel alors que l’homme a inventé les escalators en panne, mais il a su me faire dériver entre des pages très savoureuses.
Suggestion pour les titres de ses prochains romans aux pédigrées de bestioles sauvages : les poignées d’amour du cachalot, le parfum enivrant du mouflon dans une tente Quechua ou le tiercé dans l’ordre des hippocampes.

Une bonne lecture pour plaisanciers du Pédalo Globe Challenge.

Olivier de Bouty

La Spirale du Milan Royal
Roman de de Vincent Maillard
Éditeur ‏: ‎Philippe Rey
300 pages – 21€
Date de parution : 2 janvier 2025

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