[Live Report] The Datsuns et Sha-La-Lees à la Maroquinerie : Mothef***s from Hell !

Hier, soirée « haute énergie » (un doux euphémisme) à la Maro avec les Néo-Zélandais furieux de The Datsuns, et, en première partie, un très bon groupe garage flamand, Sha-La-Lees. En tout, plus de deux heures à célébrer dans la joie et la bonne humeur le gros rock’n’roll qui tache, détruit les oreilles et fait du bien au cœur.

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The Datsuns à la Maroquinerie – Photo : Robert Gil

Les gens qui aiment le rock’n’roll, le vrai, celui qui se rit du bon goût et préfère les décibels, celui qui sait que la vie est belle quand on chante à tue-tête des refrains réjouissants, et qu’on danse en sautant dans tous les sens, celui qui vous veut du bien alors que le monde entier semble vous vouloir du mal, ne manquent jamais un passage des « frères Datsuns » (qui ne sont pas des frères, un peu comme les Ramones à leur époque) dans leur ville. Et hier soir, si la Maroquinerie n’a été déclarée remplie qu’aux dernières minutes avant le début du concert, c’était bel et bien cet esprit-là qui régnait. Pour notre plus grande joie. Notre plus grand bonheur.

2025 03 26 Sha-La-Lees Maroquinerie RG (7)Je dis « nous », parce que la moyenne d’âge était uniformément élevée, et qu’il y avait donc une cohérence dans le profil des fans de The Datsuns : une cohérence dont on se passerait bien. Trop de mâles, pas assez de filles. Trop de quadras, quinquas et plus, pas assez de jeunes. Pourquoi ? Ça, c’est un bon sujet de réflexion, voire de débat… mais ce sera pour une autre fois. Pour l’heure, et il est 20h00, nous allons profiter du garage rock roboratif des Sha-La -Lees, un quatuor mi-flamand, mi-hollandais, mais complètement convaincants. Leur set démarre très fort, dur et efficace avec un In The City compact et bluesy qui date de leur premier album, 10 ans déjà. Le quatuor est en fait un power trio d’une vigueur et d’une puissance impressionnantes, complété par un harmoniciste : ce dernier est à l’autre extrémité de la scène par rapport à là où nous sommes placés… et il semble que ses interventions, pour ceux qui étaient en face de lui, aient été parfois trop envahissantes (« Trop d’harmonica tue l’harmonica ! », comme l’affirme le dicton populaire). Nous, on note plutôt le sticker « Motörhead » sur l’ampli Orange du chanteur guitariste, et ça nous va bien comme ça. Sur les 35 minutes à la fois intenses et souriantes du set, nous aurons surtout une présentation impeccable de quatre titres de Hex, le nouvel album. On remarquera particulièrement O, Oblivian!, hommage irrésistible des Sha-la-lees à The Oblivians, groupe protopunk US qui les a inspirés (et dont ils auront joué quelques mesures d’une chanson…). Autre influence revendiquée, le MC-5, et il nous semble bien avoir reconnu, à la fin du set, quelque chose qui ressemblait au Ramblin’ Rose des « Grands Anciens », sans pouvoir en jurer. En tous cas, voilà une introduction parfaite au concert des Datsuns

2025 03 26 The Datsuns Maroquinerie RG (9)Le set de nos Néo-Zélandais extrémistes (loin, très loin pour le coup, de notre chère scène Indie Pop de Dunedin) commence par une version gaillarde du Sonic Reducer des Dead Boys, ce qui, si on la rapproche du symbole du Blue Öyster Cult tatoué sur la poitrine de Ben Cole, le batteur aux roulements « keithmoonesques », offre un beau raccourci du grand écart que fait la musique des Datsuns, entre Heavy Metal seventies et garage punk. D’ailleurs le look, les grimaces et la Flying V de Phil Somervell, l’un des deux guitaristes, ne dépareraient pas dans un groupe de hard millésimé… Sauf que, répétons-le, The Datsuns, c’est plus compliqué que ça. Ils ingèrent toutes ces références et les régurgitent en un Rock’n’roll qui n’appartient qu’à eux.

Bon, force est d’admettre que la première moitié du set ne sera pas aussi explosive que désirée, comme si le groupe hésitait à enclencher la surmultipliée. Il faut attendre un très beau Bite My Tongue, facile à brailler avec eux, et surtout un Helping Hands qui voit le chanteur Dolf de Borst – à la peine ce soir du fait de sa voix abimée – aller chercher de l’énergie au milieu du public, pour que le concert décolle vraiment. C’est Harmonic Generator puis l’incontournable MF from Hell, qui transforment la Maro en asile d’aliénés, et qui nous obligent (enfin) à nous accrocher à la scène pour survivre aux trois derniers quarts d’heure (rappel de quatre titres compris) du set.

Le fabuleux – et plus célèbre titre du groupe – Sittin’ Pretty met tout le monde d’accord : c’est de la bombe, baby ! Mais Ugly Leather (avec son style très Blue Öyster Cult, justement) vaut aussi son poids en uranium enrichi. A la fin, sur What Would I Know, il faut bien reconnaître que Dolf n’arrive plus à chanter, mais ce n’est pas grave, on est lessivés.

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En sortant de là, ravis, avec les potes, nous nous sommes dit que nous allions nous aussi former un groupe. En revanche, nous ne sommes pas arrivés à nous mettre d’accord sur son nom : les Simca ou les Panhards ? En tous cas, notre premier titre serait une reprise : « Motherfuckers from Hell ! »

Texte : Eric Debarnot
Photos : Robert Gil

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