Outre les initiales du groupe, qui ont pour signification d’être le lâcher prise face à une musique trop technique, trop virtuose, JOI a opté pour une formule idéale, sous la forme d’un duo, qui depuis son précédent EP instrumental, s’est enrichi d’un chant et d’une puissance redoutable. Sorti chez Araki records, les 6 titres de Piece of a New Light forment une entité logique.
La « nouvelle musique » continue de bousculer les habitudes : rares sont les maisons de disques à vouloir tenter à ce qui leur semble n’avoir aucun potentiel commercial, et tout ce qui est inventif, que l’on pourrait qualifier d’avant-garde, n’est réservé qu’aux initiés. Dans le cas de JOI, Quentin et Léandre, le répertoire s’élargit avec le chant en complément d’une musique intense et toujours aussi intuitive. En disséquant l’histoire avec une turbulence fougueuse, l’ambition initiale ne semblait pas avoir été accomplie, et il semble qu’avec ce nouvel album, et après une période de résidence artistique, JOI ait franchi un nouveau palier.
Cette apocalypse sonore incarnée par l’agrégat basse – batterie insère des points d’attention focalisés sur des mélodies, le disque démarre par une frappe massive suivie d’une basse trippante sur I want to. Puis, sans prévenir un cut qui redonne une impulsion instantanée : JOI est imprévisible, c’est ce qui distingue la formation d’un Post-punk conventionnel, et les rebonds, les reliefs s’interconnectent en un dialogue proche de la confidence, du manifeste et d’une certaine mélancolie.
La pochette illustre la dislocation sensorielle appuyant la solidité des chansons et l’expertise des musiciens. Les compositions comme Against again ne laissent dans leur sillage aucune scorie, mais des filaments électriques rougeoyants. Combinant un songwriting incisif, avec le crosstalk dissonant de basses claquantes, que l’on croirait être des guitares, Come And Get Me est d’une efficacité redoutable.
A mesure que l’album avance, nous voilà pris dans une sorte d’ivresse, notamment avec Hope, décliné en deux parties. On touche là au coeur du noyau même de la puissance mélodique, de la panoplie secrète qui est, sans nul doute, la conviction étincelante de deux musiciens complémentaires, dont les intentions cathartiques sont de nous libérer du poids existentiel qui nous accable.
Les scènes musicales locales produisent des disques remarquables, souvent publiés uniquement sous forme de pressages limités. Une combinaison de bouleversements sociaux, d’optimisme pionnier et de philosophie DIY a ouvert la voie à des talents inconnus, pour présenter leur vision sans avoir à succomber aux exigences de la mode ou à la commercialisation des grands labels.
Avec A new piece of light, l’horizon prend une toute autre couleur.
Franck irle