« Les bons sentiments » de Karine Sulpice : aux sources d’un burn-out associatif

Avec Les bons sentiments, Karine Sulpice signe un premier roman prenant, qui décortique avec justesse l’envers du décor dans les milieux associatifs.

Karine SULPICE
© Julien Falsimagne/Leextra

Julien travaille dans une association et donne du sens à tout ce qu’il entreprend pour aider celles et ceux qui ont besoin d’être accompagnés. Il a changé de métier et s’épanouit dans ses nouvelles fonctions jusqu’au jour où il découvre l’envers du milieu associatif. Ce que peut cacher toute la bienveillance du monde et toutes les bonnes intentions. Il dérape alors et le roman de Karine Sulpice démarre sur cette scène. Un homme qui prend en otage ses collègues.

les-bons-sentimentsLe lecteur passe alors d’un personnage à un autre pour comprendre ce qu’il se joue. La commandante Maurane d’abord qui est chargée de négocier avec Julien, Jessica ensuite la mère d’une petite fille qui se rend sur place attirée par l’attroupement autour de la scène ou encore les collègues de Julien de l’association que l’on découvre au fur et à mesure. Les bons sentiments c’est avant tout l’histoire d’un homme plein d’idéaux qui se heurte à une réalité qui est tout autre. En arrivant dans le milieu associatif, Julien est loin d’imaginer qu’il ne va pas compter ses heures, que son salaire n’évoluera pas, que le bénévolat est roi ou que l’association décidera d’exploiter (par des détours) les compétences de chacun pour pallier aux prises en charge manquantes dans les hôpitaux notamment (organiser des suivis en tant que psychologue par exemple). Les structures de soins et autres CMP sont débordées et certaines associations comme celle de Julien pallient aux carences, proposent des solutions aux usagers pour apporter du soin. Mais à quel prix ? Et dans quelles conditions ?

Karine Sulpice s’attaque avec beaucoup de justesse au thème du burn-out associatif dans ce roman. Un thème dont on parle peu et qui peut apparaître tabou (un peu comme la question de ce même burn-out dans les milieux militants). Le milieu associatif se retrouve à être maltraitant et est amené dans le même temps à prendre de plein fouet les conséquences des réductions de budgets dans les services publics. Chacun et chacune donne de sa personne, les causes sont justes, mais l’arrière-plan est bien plus complexe et à travers l’histoire de Julien c’est parfaitement retranscrit. Un excellent roman noir aux personnages marquants.

Sébastien Paley

Les bons sentiments
Roman de Karine Sulpice
Éditeur : Liana Levi
176 pages – 19,00€
Date de parution : 6 février 2025

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