« Pentothal », d’Éric Neuhoff : souvenirs indélébiles de l’année 1978

Éric Neuhoff propose avec Pentothal ce qui est sans doute son récit le plus intime à ce jour : il y raconte les moments qui ont précédé et suivi l’accident qui a failli lui coûter la vie en 1978. Brillant, drôle et touchant.

Eric-Neuhoff-2025
© Denis Félix.

Les fidèles auditeurs du Masque et la plume connaissent tous Éric Neuhoff, son franc-parler, son humour parfois sarcastique, ses bons mots. Un critique qui a rendu son tablier en même tant que Jérôme Garcin, au début de l’année 2024. Mais ils connaissent peut-être moins l’écrivain, dont le style, la verve et la culture lui ont permis de se faire un nom dans le milieu littéraire dès 1982, année où il publie son premier roman, Précautions d’usage. Auteur d’essais et des romans, dont certains lui ont valu quelques prix comme l’Interallié en 1997 pour La petite française, ou encore le Grand prix du roman de l’académie française pour Un bien fou, en 2001, Éric Neuhoff se souvient cette fois d’un événement qui a marqué à tout jamais son existence.

PentothalDans Pentothal, il nous parle de ses 20 ans avec nostalgie, de ces années d’insouciance, et plus précisément de cette année 1978, au cours de laquelle il a failli perdre la vie dans un accident de voiture. Un moment de sa vie qu’il n’avait jamais relaté, et qu’il évoque ici de manière extrêmement touchante avec un sens de la formule qui fait mouche à chaque page ou presque.

Tout démarre au cours de l’été 1978, quand Eric et son ami Olivier, filent à tout a l’allure dans leurs 204 décapotable vers une discothèque, alors qu’ils sont en vacances sur la Costa Brava. Olivier, qui est au volant, perd le contrôle de la voiture. Il n’en réchappera pas, contrairement à Eric, qui en ressort gravement blessé. Après avoir reçu les premiers soins dans un hôpital espagnol, il sera rapatrié vers Paris. Commence alors pour lui une très longue rééducation.

Plus de 40 ans après ce drame, Éric Neuhoff se plonge dans ses souvenirs, pour se remémorer la douleur, l’ennui, la gêne liée à la dépendance, les odeurs et les bruits dans les couloirs de l’hôpital, le va-et-vient des personnels soignants, les visites de la famille et des amis, et tout ce qui a fait de ces longs mois d’hôpital un souvenir indélébile.

S’il se souvient parfaitement des semaines qui ont précédé et qui ont suivi cet accident, le critique cinéma et littéraire du Figaro n’a pas oublié non plus ses auteurs fétiches, Françoise Sagan, (à qui l’on pense forcément en lisant ce livre ), Drieu la Rochelle, mais également tous ces films qu’il a aimés ou détestés durant les années 70, et, côté musique, les Rolling Stones, ou Supertramp, dont l’album Breakfast in America restera à tout jamais associé à l’année de son accident.

Tous ces souvenirs affluent et s’enchaînent les uns derrière les autres, sans temps mort, dans un récit nourri de bombeuses références à cette fin des années 70. C’est brillant, c’est parfois drôle et souvent touchant, c’est plein de nostalgie… l’auteur réussissant en permanence à mélanger sérieux et humour dans une écriture délicieuse, ou il ne se laisse jamais aller à l’émotion facile.

Benoit RICHARD

Pentothal
Récit d’Éric Neuhoff
Editeur : Albin Michel
224 pages – 19,90 €
Date de parution : 03 février 2025

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