Par ici les beaux jours qui se consument jusqu’à la lente chute du soleil… Et pour nous enrober d’une douceur propice à la rêverie, le disque de Frank Rabeyrolles contient dans son calice des chansons libérant leur pollen, nous offrant une déconnexion avec nous-mêmes et une décoction réparant les liens rompus.
L’agitation de notre société a tendance à nous faire basculer vers l’autodestruction, même symboliquement. Afin de renouer les liens disparates qui nous éloignent, Frank Rabeyrolles a fait le choix d’être le chantre contemporain d’une musique folk, onirique. La réciprocité évocatrice de lieux cachés avec la discrétion de son auteur.
Après Minor Blue, une embarcation d’une absolue beauté, et une mélancolie couleur bleue mineur, Frank se dévoile toujours avec précaution : avec In Conversations, la parole se libère dans une série de compositions délectables. L’aspect très visuel de Picture Of You devient le reflet dans lequel on aime se prélasser, avant que Oh No illustre le titre de l’album par son couplet « It’s been a long time, since we haven’t talked together » (Cela fait longtemps que nous n’avons pas parlé ensemble). Une réconciliation, le temps faisant son œuvre sur nos émotions. Les arpèges de guitares majestueuses de Rémi Saboul sur Sometimes consolident cette communion des claviers, des voix. Les cordes s’étirent, glissant sur un jeu de timbres vibratoires. Il ne manque rien pour que 12 compositions s’installent au creux du cœur, You Call It Love rebondit avec son mid-tempo, la production est proche de l’orfèvrerie. Les influences Folk ne manquent pas, convoquant Bill Fay, Elliott Smith, Kelley Stoltz. La voix de Frank Rabeyrolles est toutefois à part, l’expression d’un éphèbe qui aurait compris très tôt la dialectique de l’amour. Un langage secret que Drive Around explore en une balade nocturne.
Ce qui imprègne In Conversations, c’est cette coloration organique, le fil conducteur d’une discographie qui mérite d’être écoutée attentivement. Un disque est comme un livre, un pont qui nous permet de passer d’une rive à l’autre et de pouvoir ensuite se retourner pour voir le chemin parcouru, et de mieux comprendre le passage qui, alors que nous hésitions au début, ouvrait au final d’autres horizons.
Qui n’a eu cette intuition, toujours inavouée, que cette quête a commencé depuis si longtemps, sans trouver sa solution autrement qu’en de brefs instants alternatifs de bonheur ?
Franck Irle