CVantez – Sourdeval : L’aurore doit laisser place au jour

Depuis 14 ans, CVantez entretient la flamme musicale et la fièvre des mots, grâce à leur approche singulière : Sourdeval, leur dernier album, en est encore un bel exemple.

Photo Cvantez BnF 525

Nous nous plaignons du temps fugace, que nous sommes contrariés par la rapidité avec laquelle les évènements disparaissent. Bien qu’ils soient censés être ralentis quand on parle de nos passions les plus vives, les plus profondes, la volonté de pouvoir retenir la beauté, sous toutes ses formes, n’est que le processus vain et forcené d’un monde résigné à une perpétuelle redondance.

couvCD SourdevalLes promoteurs du « tout à les goûts » vous diront que la langue française se porte mal, qu’elle n’est plus que déformation de l’oreille. A l’heure de la désertion de l’écriture, Cvantez  entretient la flamme musicale et la fièvre des mots, ce qui, en soi, est signe d’une dynamique resplendissante, après 14 ans d’existence. Si l’on repend l’histoire dans sa temporalité, Olivier Salaün a construit sans aucune épistrophe une série d’albums dont la matière composite est l’agrégat d’une pop simpliste, dont la beauté se révèle si l’on prend le temps d’écouter chaque titre, et ce depuis Tigers, qui date de 2011.

Etrange et fascinant, le titre d’ouverture de Sourdeval, Z-Movie, a des guitares rêches qui collent à merveille avec la voix granuleuse d’Eloïse Dandoy, à qui a été confié le soin d’écrire les textes, de donner un fil conducteur à cette échappée bucolique. A la recherche de La Sainte Vague, les voix se rapprochent de Jennifer Charles, notamment dans le titre Sourdeval. La richesse du verbe enchanteur s’accompagne d’un sens du détail insolite. C’est avec le titre So Wrong que Cvantez parvient à trouver son riff obsédant, addictif. Chaque phrasé coïncide avec les mots, Adam de l’Eden est rythmé par des syncopes inattendues, un Art Rock jamais ennuyeux, ficelé dans un format idéal pour se fondre dans les paysages, les visions, les toiles, les parfums.

A l’heure où s’entrechoquent les langues, les transitions entre l’Anglais et le Français permettent plusieurs niveaux de lecture, et génèrent un magnétisme luminescent, où les nuances, sous la forme de guitares trémolos, tapissent la surface de chaque couplet… au point que l’on ne peut s’empêcher de réécouter The Party ( extrait de A Smile to Reset). Ce nouvel album ne sonne pas Americana, encore moins Post-Machin : de toute évidence, Cvantez puise aussi bien dans The Cure, que dans une multitude d’univers esthétiques, artistiques et cinématographiques. Nous n’avons pas seulement entre les mains un disque, mais un objet sonore qui s’honore d’être le fruit de la volonté du multi-instrumentiste et tête pensante du groupe, Olivier Salaün. Sous la dictée des rêves, sa musique prend forme, avec une couleur singulière et une incise folk, une poésie phonétique où chaque mot est relié à une sensibilité aiguë, un songe aux couleurs de sable. Ne nous faut-il pas un album salutaire capable de recolorer la grisaille de cette fin d’hiver où les prémices du printemps graduellement refleurissent notre âme jaunie ?

C’est pourquoi il serait bon que vous vous attardiez, au delà de quelques minutes, sur ce disque, ne serait-ce que pour mettre à l’épreuve vos capacités de synthèse, votre esprit d’analyse, et, pourquoi pas ?, un sens intime critique qui vous est personnel. Je vous laisse apprécier cette conclusion en remettant Sourdeval dans les conditions optimales pour une nouvelle appréciation.

Franck irle

Cvantez – Sourdeval
Label : Dust Rose
Date de sortie :  2 janvier 2025

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