Jean-Philippe Blondel nous replonge au cœur de l’été 1979, où l’on suit une famille au bord de l’implosion. Un roman sensible et attachant, une petite bulle de nostalgie, qui parle de liberté et d’émancipation.

Déjà évoqué dans son roman 1979, la dernière année de la décennie 70 est encore une fois au centre du nouveau livre de Jean-Philippe Blondel. Ici, il nous dresse le portrait d’une famille qui va passer une quinzaine de jours en vacances, dans un centre VVF. L’occasion pour chacun de ses membres de faire le point sur sa vie et d’envisager de nouvelles perspectives d’avenir.
Il y a d’abord Michel, le père, le chef de famille, un mâle alpha, pas méchant mais un peu beauf, un peu machiste, et qui voit sa carrière à la SNCF relancée suite à une promotion qui va l’obliger à aller travailler à Paris, à quelques heures de la Haute-Marne où vit la famille. Quant à son épouse, Andrée, elle veut profiter de cette quinzaine dans le Vercors pour annoncer à son mari qu’elle souhaite divorcer. Mais les choses s’annoncent plus compliquée qu’elles n’y paraissent… Il y a aussi Philippe, le cadet des deux enfants, un adolescent mal dans sa peau, qui grandit dans l’ombre de son frère aîné à qui tout semble réussir.
Mais cet été 1979, qui sera « chaud dans les T-shirts, dans les maillots » comme le chante Eric Charden cette année-là, ne va pas ressembler aux autres pour cette famille Royer, qui ressemble à beaucoup d’autres… Chacun pourra d’ailleurs y retrouver un peu de la sienne, et y reconnaître un père, une mère, un oncle, un frère ou un cousin. Des Français moyens en sous-pull lycra et pantalon tergal, qui, pour une partie, attendent impatiemment l’arrivée de la gauche au pouvoir pour s’émanciper de cette France giscardienne encore très corsetée.
Avec son sens de l’observation très pointu, et sans doute pas mal de souvenirs de cette époque, Jean Philippe Blondel, qui a eu 15 ans en 1979, tisse un récit extrêmement attachant, dans lequel sa sensibilité fait mouche, une fois encore. Durant près de 250 pages, il réussit à nous replonger dans l’ambiance de ces années-là, où l’on roulait en Talbot, et où le disco résonnait sur les grandes ondes des transistors et dans les dancings.
Un été 79 est aussi un roman baigné de nostalgie, de douce mélancolie, qui rappellera l’atmosphère de certains films de Pascal Thomas ou de Diane Kurys, 250 pages qui parlent, en filigrane, de liberté et d’émancipation, à une époque où les rapports homme-femme sont encore bien marqués par le modèle patriarcal, malgré la montée du féminisme et le désir d’émancipation des mères, comme c’est le cas avec Andrée, dans ce beau roman.
Benoit Richard