Chauzy
& Jonquet - La vie de ma mère
1/2
Casterman/coll.
un monde - 2003
|
|
|
|
Il n’est plus rare de voir des scénaristes et
dessinateurs de BD adapter des auteurs issus de la littérature
et notamment de la littérature policière, voire même
de travailler en collaboration avec eux le temps d’un
album ou d’une série.
Après Les nombreuses et désormais célèbres
collaborations entre Jacques Tardi
et quelques romanciers aussi célèbres que Léo
Malet, Jean Vautrin
ou JP Manchette ou avec encore
récemment le duo Benacquista/Ferrandez
pour L’outremangeur, voici que Chauzy,
l’auteur de Béton
armé, s’associe une seconde fois au romancier Thierry
Jonquet (après la
vigie en 2001) pour une adaptation du roman La
vie de ma mère paru à la série noire en 1994.
La vie de ma mère est le récit d’un jeune adolescent de banlieue, Kévin,
qui raconte sa vie de petit délinquant entre l’école,
son institutrice de SES qui croit beaucoup en lui,
Clarisse, la jeune fille dont il est secrètement
amoureux (mais qui n’est pas de son milieu) et sa
bande, avec Laurent et Djamel, des voyous de la pire espèces,
braqueurs et drogués dont il a parfois du mal à
comprendre les aspirations. Entre toutes ces personnes,
Kévin essaie de s’en sortir, de faire la part des
choses, mais c’est loin d’être facile quand on a un
mère dépressive et de si mauvaises fréquentations...
Construit comme un récit vérité,
enregistré sur un magnétophone à cassette, La
vie de ma mère se compose de deux tomes intitulés
Face A et Face B. Sous la forme d’une chronique
sociale, le récit est mené sur un bon rythme, ne nous
épargnant rien des trafics et autres méfaits commis
par la bande à Kévin, ce dernier, se retrouvant
souvent dépassé par les événements qu’il vit.
Habitué à dessiner des milieux
urbains et racontant souvent des récits à caractère
social, C’est tout naturellement que l’on retrouve Chauzy
sur cette histoire de délinquants banlieusards qu’il
croque avec beaucoup de justesse et cela, sans jamais
tomber dans la surenchère et la facilité.
L’adaptation restitue bien l’impression laissée par
la lecture du roman et s’avère être un complément
indispensable à cette série noire, signée Thierry
Jonquet.
Dans un verlan qui pourrait paraître
difficilement compréhensible pour certains lecteurs,
mais déjà présent dans le roman, La vie de ma mère
se veut une restitution proche de la réalité puisque
Jonquet a lui-même enseigné en SES (Section
d’Education Spécialisée,
aujourd’hui appelées SEGPA) en banlieue
parisienne avant de devenir éducateur en Foyer à
Paris.
Une bande dessinée donc plutôt réussie,
tant au niveau de la forme que du fond, avec deux
auteurs confirmés qui donnent ici un aperçu de ce que
peut être un roman bien adapté en bande dessinée.
Benoît
|