Lax
- Le choucas gagne à être connu
Dupuis/coll.
Repérages - 2004
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Revoilà le Choucas, personnage désormais
récurent de la Bande dessinée. Cette fois-ci, ses
nouvelles aventures vont le conduire, par les chemins du
hasard, au Canada, sur les traces d’indiens en proie
à de drôles de tourments.
Une nouvelle fois, le Choucas va faire preuve de toute sa
clairvoyante et de son audace pour venir à bout de
quelques méchants, bien sentis, comme souvent nous en
offre ce genre bande dessinée.
Monsieur Brumeuse, le soir de sa
retraite, après trente et un ans passés à l'ombre des
grands maîtres (il était gardien de musée), décide
de partir sur les traces de son fils décédé d'un
accident de la route. Il engage le Choucas afin de
retrouver les personnes qui ont connu son fils avant sa
mort. Car si l'homme semble être l'archétype du petit
fonctionnaire qui ne s'est jamais aventuré au-delà des
quatre murs de son musée, son fils vivait, lui, dans
une des régions les plus sauvages du Québec. Et le
Choucas sait qu'il ne sera pas simple d'obtenir des témoignages
dans un coin plus peuplé par les ours que par les
hommes. Mais, dans l'avion qui les mène à Montréal,
Brumeuse lui avoue le fond de son histoire. Son fils
avait choisi de faire don de son corps à la science et
l'un de ses reins a sauvé un homme. Il veut savoir qui
est cet homme et s'assurer qu'il fait bon usage de ce
que lui a légué son fils. Il n'a d'ailleurs pas hésité
à voler un tableau pour obtenir ce renseignement ultra
confidentiel. À des milliers de kilomètres de chez
lui, le Choucas décide d'aller jusqu'au bout de cette
enquête qui lui réservera bien d'autres surprises.
En forme d’hommage à la série
noire et au polar en général, à travers la présentation
à l’ancienne et les titres donnés aux précédents
tomes de cette série (Le choucas Rapplique, Le
choucas enfonce le clou, Le choucas n’en mène
pas large...) Le Choucas c’est avant tout un BD de
pur divertissement, qui se lit souvent avec le sourire
aux lèvres et une certaine délectation, pour un peu
que l’on soit amateur de dialogues à la Michel
Audiard ou des romans de Frédéric Dard.
Car ici tout est fait pour que l’on pense au célèbre
San Antonio, et notamment avec cette gouaille si
typique qui rappelle le Paris d’une certaine époque
et les héros en costard-cravate que l’on pouvait voir
dans certains films signés Georges Lautner, par
exemple.
Faux ou anti héros par excellence, car pétris de défauts,
Le choucas n’en est que plus attachant et
c’est toujours avec un certain plaisir que l’on
regarde notre oiseau se sortir du pétrin dans lequel il
aime à se fourrer régulièrement.
Ici, on observera plus particulièrement
le sort réservé aux indiens vivant dans des régions
reculées du Québec et des trafics de sang qui
s’effectuent sur leur dos.
On appréciera, pour le plaisir de la langue et des
yeux, le langage fleuri et tellement imagé des québécois
si bien restitué ici par Lax.
Sur fond de misère sociale, sur le thème d’une
certaine éthique médicale et plus précisément du
commerce que des hommes peuvent du corps d’autres
hommes, l’auteur réussit un BD d’aventures simple,
mais intelligente, capable de susciter une forme de réflexion
chez le lecteur. Au final, une bonne surprise pour une
BD dont on attendait pas tant.
Benoît
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