Vanyda - L'immeuble d'en face
La
boite à bulles - 2004
|
|
|
|
Jeune dessinatrice de bandes dessinées, Vanyda,
après son album en commun avec François Duprat,
L’année du dragon, offre ici sa première œuvre
personnelle dans une nouvelle maison d’édition, La
boite à bulles. L’œuvre met en scène la vie
quotidienne des habitants d’un immeuble. Ainsi, on
trouve tout d’abord au premier étage Béatrice, jeune
femme enceinte de 26 ans et son fils de 4 ans Rémi. Au
second étage vit un couple entre deux ages formé de
Fabienne et de Gilles. Enfin, au troisième étage,
Claire et Louis vivent un parfait amour étudiant.
Sans véritable intrigue, sans autre péripéties que
l’oubli des clés ou l’étouffement par une cacahuète,
l’immeuble d’en face nous donne à voir le
quotidien de ces 6 personnes, et les relations qui s’établissent
petit à petit. L’œuvre se compose de nombreux petits
chapitres, souvent très courts, qui sont comme autant
d’instantanés de vie. On voit ainsi évoluer des
personnages tout aussi savoureux les uns que les autres
à travers des situations tendres et subtiles, et des
dialogues d’une justesse incroyable.
L’immeuble d’en face bénéficie à la fois
d’une préface de Frédéric Boilet, auteur
notamment de l’Epinard de Yukiko, et du label
« Nouvelle Manga », signalant bien les
influences nippones de l’auteur. Ces influences sont
tout d’abord visibles au niveau du dessin, en noir et
blanc, et réutilisant certains codes graphiques
japonais, pas forcément d’une beauté fulgurante,
mais déjà d’une maîtrise étonnante. Surtout,
c’est au niveau de la narration et de la mise en scène
que l’héritage est le plus profond, dans le récit de
la vie quotidienne, dans la description de ces petits
riens, de ces tranches d’existence.
De plus, comme le suggère le titre de l’ouvrage,
l’auteur garde une certaine distance vis-à-vis de ses
personnage, avec un regard parfois ironique mais
toujours marqué par une profonde tendresse et un grand
attachement. Si l’atmosphère est généralement
souriante, parfois hilarante, certains regards,
certaines attitudes, certains dialogues suggèrent avec
subtilité des situations moins heureuses, notamment
chez Béatrice, la femme enceinte, mais aussi dans le
couple du second étage qui tend à se délier petit à
petit.
En donnant à voir la banalité du quotidien, dans ce
qu’il a de si passionnant, de si merveilleux, mais
aussi de si routinier, Vanyda évite d’en faire
une œuvre banale. Bénéficiant à juste titre d’un
bouche à oreille très enthousiaste, L’immeuble
d’en face est une très bonne surprise d’une créatrice
véritablement prometteuse. On passe un excellent moment
de lecture en compagnie de ces personnages que l’on
souhaite retrouver au plus vite.
Vincent
|