Bang!
N°5
Casterman
- 2004
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Il y a tout juste un an paraissait le premier numéro
d'une revue ambitieuse (élitiste diront certains) née
d'une association entre les éditions Casterman
et Beaux-arts Magazine. Le but avoué était de
placer la bande dessinée, toujours assez mal considérée,
au cœur de la création artistique internationale
contemporaine. A l'occasion de la parution du cinquième
numéro, il est peut-être temps de tirer un premier
bilan de l'aventure Bang
!, de dégager les lignes de force qui structurent
le magazine.
Chaque
numéro présente :
·
Un auteur important à travers une longue
interview enrichie d'histoires et documents inédits. On
retiendra particulièrement les passionnants dossiers
consacrés au japonais Jirô Taniguchi et à l'américain
Chris Ware. A travers ces deux dossiers emblématiques
et essentiels, Bang
! montre haut et fort qu'il n'est pas question de se
tenir dans des carcans franco-belges étouffants et réducteurs.
Allons donc respirer l'air pur partout où il se trouve!
Ca fait du bien.
·
Un dossier présenté
sous la forme d'un article analysant une "nouvelle
tendance" de la bande dessinée. Les sujets sont
vastes (le reportage dessiné, le sexe et l'intime,…)
et force est de constater que, dans l'espace qui leur
est donné, ils ne peuvent malheureusement qu'être
survolés, dans ce qui se présente au mieux une bonne
synthèse. On se consolera avec des histoires inédites
illustrant les sujets abordés.
·
Des courtes histoires inédites d'auteurs qui ont
touché la rédaction. Forcément de qualité inégale,
cette section a permis d'accueillir dans les pages de Bang
! une très belle brochette d'auteurs confirmés
(mais pas toujours très connus) comme les excellents Seth,
Tomine, Baudoin, Davodeau, Boilet,
Maruo,…mais aussi de donner une tribune à de
nouveaux talents comme la craquante Kan Takahama ou le
très pictural Denis Deprez.
·
Un mince cahier critique d'intérêt inégal mais
s'attardant sur des albums forts.
Au-delà de ses qualités (et de ses moindres défauts),
le gros point noir du magazine reste son prix prohibitif
de 19,5 euros. Un pris qui force l'acheteur à examiner
avec attention le sommaire de chaque numéro avant de
passer à la caisse. A ce prix là en effet, il n'est
pas certain que tout le monde y trouve son compte à
chaque livraison.
De ce cinquième numéro, on retiendra surtout la
couleur dominante anglo-saxonne avec une interview intéressante
du scénariste Alan Moore (Watchmen, From Hell, V
pour vendetta,…), demi-dieu, mage ou prophète (on ne
sait plus trop) du comic Outre-Atlantique et un dossier
sur les superhéros qui se révèle, malgré quelques
approximations et raccourcis, assez complet et
pertinent.
Pour
contrebalancer cette déferlante de personnages
bodybuildés, le jeune japonais Little Fish
propose un superbe récit muet intimiste superbement
colorisé par Walter (coloriste entre autres de la série
Donjon). Une bulle d'air fragile qui ponctue un numéro
plutôt enthousiasmant.
Fred
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