BD

Abe Shinichi - Une bien triste famille

le seuil - 312p, 17€ 

[3.5]

 

 

Explorant les trésors cachés du manga ou plutôt du "Gegika", manga expressionniste à tonalité dramatique, le Seuil nous offre cette fois un récit dune grand noirceur qui décrit le quotidien des ouvriers dans une mine de charbon au début du XXe siècle, dans la région de Chikuhô, d'où l'auteur est originaire.

 

Pas très loin du Germinal de Zola, dans la manière de raconter la vie difficile et misérable des mineurs, ce manga n’en as toutefois pas la force politique et se contente (si l’on peut dire) de décrire très précisément la manière dont fonctionnait ce système d’organisation quasi-esclavagiste du travail, à une époque où l'industrie minière est reprise en main par les grands groupes, provoquant les premières luttes syndicales de l'Histoire du Japon.

 

L’auteur dépeint donc une fresque sociale en sept récits dans lesquels on découvre d’abord des mœurs assez crues et bestiales puis ensuite la vie à la mine, dans toute sa misère et sa précarité. Le tout est représenté de manière assez brute, sans fioriture, avec un dessin âpre et très différent du manga actuel, tel qu’on connaît aujourd’hui.

 

A l’origine publiée en 1975 dans la revue "Garô", Une bien triste famille est un témoignage fort de ce que pouvait être la condition de certains ouvriers au début du siècle passé et surtout, nous fait découvrir un auteur, Abe Shin’ichi, que l’on rangera volontiers aux cotés de Yoshiaru Tsuge (l’homme sans talent) ou Kazuichi Hanawa (dans la prison).

 

Benoît Richard

 

Date de parution : 14 septembre 2006