Explorant
les trésors cachés du manga ou plutôt du "Gegika",
manga expressionniste à tonalité dramatique, le Seuil
nous offre cette fois un récit dune grand noirceur qui
décrit le quotidien des ouvriers dans une mine de
charbon au début du XXe siècle, dans la région de
Chikuhô, d'où l'auteur est originaire.
Pas
très loin du Germinal de Zola, dans la
manière de raconter la vie difficile et misérable des
mineurs, ce manga n’en
as toutefois pas la force politique et se contente (si
l’on peut dire) de
décrire très précisément la manière dont
fonctionnait ce système d’organisation
quasi-esclavagiste du travail, à une époque où
l'industrie minière est reprise en main par les grands
groupes, provoquant les premières luttes syndicales de
l'Histoire du Japon.
L’auteur
dépeint donc une fresque sociale en sept récits dans
lesquels on découvre d’abord des mœurs assez crues
et bestiales puis ensuite la vie à la mine, dans toute
sa misère et sa précarité. Le tout est représenté
de manière assez brute, sans fioriture, avec un dessin
âpre et très différent du manga actuel, tel qu’on
connaît aujourd’hui.
A
l’origine publiée en 1975 dans la revue "Garô",
Une bien triste famille est un témoignage fort
de ce que pouvait être la condition de certains
ouvriers au début du siècle passé et surtout,
nous fait découvrir un auteur, Abe Shin’ichi,
que l’on rangera volontiers aux cotés de Yoshiaru
Tsuge (l’homme sans talent) ou Kazuichi
Hanawa (dans la prison).
Benoît
Richard
Date
de parution : 14 septembre 2006
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