Pascal
Rabaté -
Bienvenue à Jobourg
Le
Seuil - 2003
Après un break consécutif à l'achèvement
de sa série Ibicus,
Rabaté revient avec
bonheur dans les rayons avec ce Bienvenue
à Jobourg, fiction nourrie par un séjour dans la
grande ville sud-africaine de Johannesburg.
Premier album en couleurs (essentiellement verts et
bruns), style proche du croquis pour conserver toute la
vitalité du dessin, chronique sociale africaine,
l'album frappe là où on ne l'attendait pas du tout.
Le
moins que l'on puisse dire est que le résultat est très
convaincant.
Patrick
(alter-ego fictionnel de Rabaté) débarque à
Johannesburg pour travailler dans l'imprimerie d'un ami
de son père. Il va découvrir une ville de folie en période
de post-apartheid et, au gré des rencontres, dépasser
les préjugés et les apparences pour apprendre à voir
la ville telle qu'elle est, violente et monstrueuse mais
aussi chantante, dansante, hospitalière, toujours
fascinante et surtout bourrée à craquer d'énergie.
On s'attachera particulièrement à quelques personnages
(Grand Doudou, Maria,…), à des lieux (Soweto, une
cantine, un club de billard,…) dont
Rabaté parvient à saisir l'essence en quelques
dessins d'une impeccable vivacité.
Contrairement
au récit de voyage à la première personne très fécond
dans la bande dessinée contemporaine (Delisle avec Shenzhen et
bientôt Pyongyang
pour ne citer qu'un exemple), Rabaté
choisit la fiction pour transcrire ses propres
impressions.
Il
démontre avec talent que cette option peut se révéler
tout aussi intéressante.
Bienvenue à
Jobourg, tout comme Blonde
platine (voir chronique) prouve une fois de plus
que, si les éditions du Seuil publient peu, elles n'en
constituent pas moins petit à petit un catalogue d'une
exceptionnelle richesse dans lequel on peut franchement
piocher abondamment et sans risque.
Bonnes
lectures.
Fred
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