BD

Killoffer - 676 apparitions de Killoffer

L'association - 2002

 

 

    Ces derniers temps, il est de bon ton chez certains d'affirmer que L'association s'est endormie, qu'elle ne sort plus que des bandes dessinées qui pourraient très bien sortir ailleurs.

Ce Killoffer, véritable OVNI, vient, si besoin en était, leur clouer le bec. Et de belle façon.

 

    Dans la forme comme dans le fond, tout est radicalité dans cette bd, la plus aboutie de son auteur à ce jour.

Tout d'abord, on suit Killoffer dans un banal voyage à Montréal. Rien de bien excitant, de la vague drague d'un dandy désenchanté, en proie au vide existentiel. Rien de bien excitant, si ce n'est le texte en contrepoint des images qui devrait nous mettre la puce à l'oreille sur ce qui va suivre, un "pétage" de plombs d'une audace rarement atteinte en bd ces derniers temps.

    Tout à coup, des doubles malfaisants de Killoffer apparaissent, issus métaphoriquement d'une tête-pomme infestée de vers. Dans des planches muettes à la construction graphique époustouflante, ces doubles vont parasiter, contaminer le "vrai" Killoffer et révéler ses pulsions les plus inavouables dans un déluge orgiaque hallucinant. Dans sa bd-cauchemar, l'auteur va au bout de ce qui est représentable, ses doubles maléfiques assassinent, violent, se violent dans un gang-bang et s'étripent dans une orgie de sang, de sperme et de merde.

676 apparitions de Killoffer est une expérience bd unique en son genre, clairement pas destinée à tous tellement elle peut choquer et déranger.

Extrait : 

"A pulluler partout, nombreux comme des lombrics, ça nous pendait au nez, à brasser ces quantités de matière, à nous agiter comme des milliards de mixeurs, c'est peut-être à ça qu'on sert, à labourer la terre, alors qu'on croit voler, on est peut-être en train de préparer le terrain, le terreau, une espèce d'humus humain."

 

Moi, j'aime beaucoup. Et vous?

 

    Cet album est nominé dans la catégorie Meilleur album de l'année au  Festival d'Angoulême 2003.

 

Fred