Manu
Larcenet - Le combat ordinaire
Dargaud
- 2003
Depuis quelque temps, on le
sentait en gestation chez Larcenet ce Combat
ordinaire.
Dans
ses trois derniers albums déjà, tous hautement
recommandables, La jeunesse de Bill Baroud au Fluide glacial et Le
temps de chien et La
vraie vie tous deux chez Dargaud, on sentait
poindre la gravité derrière l'humour. Comme si Larcenet
commençait à synthétiser l'humour potache et référentiel
de ses travaux pour Fluide glacial et l'angoisse
sourdant de ses albums autobiographiques et très
intimes auto-édités chez les Rêveurs de runes.
Le combat
ordinaire est donc bien cet album de la maturité
pleinement assumée. L'album grâce auquel Larcenet
devrait toucher un large public tout en faisant entendre
sa petite voix unique et personnelle.
La
sauce va prendre, le plat est relevé.
Marco, photographe névrosé exilé à la campagne et
sujet à de graves crises d'angoisse qu'il tente de régler
chez le psy plonge en pleine panne d'inspiration. Alors
qu'il se trouve confortablement installé dans des
habitudes qui lui assurent une stabilité de façade,
plusieurs rencontres décisives vont le forcer à
prendre parti, à s'engager et voir au-delà des
apparences. A assumer le déséquilibre inévitable généré
par toute décision qui change en profondeur un état
dont il se contente parce que c'est plus facile comme ça.
Sa
rencontre d'un sage petit vieux qui n'est pas ce qu'il
semble être et sa relation avec une pétillante et irrésistiblement
craquante vétérinaire feront beaucoup en ce sens.
Au niveau graphique, on retrouve la patte Larcenet,
avec un travail particulier et très réussi sur les
paysages de campagne. Mention particulière aussi pour
les superbes couleurs du frère de Manu, Patrice
Larcenet.
Pour
les néophytes, Le
combat ordinaire constitue la porte idéale pour découvrir
l'univers de Larcenet.
Pour les habitués, cette œuvre synthétisant les différentes
facettes de l'auteur marque un accomplissement, un
palier, avant, on l'espère de tout cœur, l'exploration
de nouveaux territoires.
Fred
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