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Vehlmann & Bonhomme - Le Marquis d'Anaon : t. 2

Dargaud - 2003

 

 

 

    Après L'île de Brac, remarquable premier volume, La Vierge noire vient confirmer toutes les qualités d'une série très prometteuse.

Au début du 18ème siècle dans un petit village d'Auvergne, une série de meurtres aussi atroces qu'inexpliqués jette le trouble dans la région. Pour la population locale, trouver des boucs émissaires constitue un palliatif confortable pour conjurer cet inexplicable qui fait peur.

Jean-Baptiste Poulain, notre "Marquis d'Anaon", ex-précepteur (voir volume 1) reconverti en rédempteur des âmes en peine poursuit sa quête visant à élucider les mystères de l'esprit. Ses pas vont tout naturellement le conduire au village, où il va rapidement être investi, un peu malgré lui mais grâce à ses connaissances livresques, de la redoutable mission de guérir les âmes et de restaurer l'harmonie rompue par les meurtres épouvantables qui secouent la région.

Il est, avec ses qualités et ses défauts, dans sa quête qui le transforme, l'homme providentiel qui va pouvoir dégager les forces qui ramènent l'équilibre.

En cela, Vehlmann et Bonhomme proposent un récit classique très bien mené, jouant avec les ambiances grâce à un dessin d'une grande élégance et une colorisation très évocatrice. Un travail d'orfèvre, même si on pourra juger le dénouement du récit, tout comme dans le premier volume, un rien expéditif.

Mais encore plus que dans le premier volume, l'intérêt principal de l'album n'est pas là, tant la figure de Jean-Baptiste Poulain prend ici de la consistance et de l'épaisseur.

Loin de n'être que le véhicule du récit, ce personnage central tout en finesse et en subtilités permet aux auteurs de cristalliser avec habileté et sans lourdeurs un discours moral qui sied particulièrement à cette série évoluant dans le siècle des Lumières. Au final, c'est cet aspect qui emporte l'adhésion et transporte la série dans la catégorie des meilleures séries grand public avec une intelligence qu'on rêve de voir plus souvent dans le genre.

Gageons que les auteurs n'en resteront pas là. Au vu des perspectives de cette Vierge noire qui mériterait une plus ample reconnaissance, on n'en doute pas un instant.

 

Fred Bruart

 

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