Tardi & Vautrin
- Le cri du peuple t.3
Casterman
- 2003
Rouge sang,
telle est la couleur dominante de ce troisième et avant
dernier volume du Cri du Peuple, série adaptée
par Tardi du roman de Jean Vautrin
racontant la commune de Paris. Dans cet épisode, où la
violence s’intensifie et les combats se font de plus
en plus intenses, nous retrouvons avec plaisir les
personnages désormais familiers avec lesquels nous
avions fait connaissance au cours des épisodes précédents.
En 1870, les
forces versaillaises lancées sur la capitale par
Adolphe Thiers reprennent peu à peu du terrain sur les
insurgés. Les exécutions, les scènes de batailles, la
barbarie dominent
ces Heures sanglantes qui voient la chute de la
commune de Paris. Partout l’utopie communarde marque
le pas face à
l’offensive des pantalons rouges. Les corps meurtris
s’étalent au fil des pages et dans un Paris ou
l’explosion guette à chaque coin de rue.
Et personne
n’est épargné, femmes, enfants tout le monde y passe
et le sang coule à flots. La vision des Champs-Élysées
en ruines donne
en plus une drôle et terrifiante vision du Paris de
cette époque.
Parallèlement
à la grande Histoire, des hommes rodent à l’ombre
des ruines. Tardi nous convie une fois encore à
partager les tourments de l’ancien forçat Horace
Grondin qui cherche à assouvir sa vengeance en
poursuivant Antoine Tarpagnan qu’il croit être le
meurtrier de sa fille adoptive Jeanne et de son bébé.
On retrouve également le sinistre Hippolyte Barthélemy,
sur les traces de Tarpagnan, un Tarpagnan lui-même
toujours aussi vaillant. On y croise aussi la belle
Gabriella Pucci toujours en première ligne.
Avec des
dialogues toujours aussi savoureux, emprunts du
vocabulaire très imagé du XIXème siècle, avec une
certaine facilité à dépeindre les petites gens, les
miséreux et les pires ordures, Tardi nous
convie, une fois de plus, à partager la vie de
personnages truculents et picaresques auxquels ont
s’est attaché depuis le premier volume de cette saga.
Entre monstruosité et ironie, on se régale de ce
vivacité du trait, de ce graphisme alerte auquel on est
habitué depuis toujours mais dont ne se lasse jamais.
On se répétera peut-être mais la Bd de Tardi
est un vrai régal !
Benoît
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