Baladi
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L'irrationnel et un café
L'association
- 2003
Parmi les sorties de mars de L'association,
j'aurais pu vous parler d'Ukulele,
440 pages de carnets autobiographiques de
Joann Sfar. Après un très estimable Harmonica
fin 2002, Sfar
explose avec cet album roboratif qui part dans tous les
sens sans jamais se disperser. Monstrueux et essentiel.
Mais
en mars, L'association
a également réactivé sa collection de petits formats
Patte de mouche, avec 4 nouveaux titres. Parmi ceux-ci,
celui de Baladi
me semble se détacher sans peine.
Baladi,
un des piliers des excellentes éditions genevoises Atrabile (j'en reparle très bientôt), est clairement un des jeunes
auteurs les plus excitants de ces dernières années. Il
travaille ici pour la première fois pour L'association.
En
allant prendre un café, deux amies, Robita et Tania,
tombent sur une petite vieille, immobile sur le
trottoir, les pieds plantés sur une page de vieux
journal. La vieille dame, qui ne se déplace qu'avec une
provision de journaux, lui permettant de progresser sans
toucher le sol, se trouve à court de papier. Pendant
que Ratiba va faire les courses, Tania ramène la
vieille toquée chez elle sur son dos. Mais qui est réellement
cette vieille dame ?
Une nouvelle fois, Baladi
décale les perspectives pour aborder à travers l'étrange
la folie, la marginalité, la solitude,… Tout ce qui
fait la misère humaine et sociale dans les villes.
Ces
thèmes, Baladi
les abordait déjà dans ce qui reste son meilleur album
à ce jour, le superbe Frankenstein, encore et toujours.
Dans
un Genève d'une froideur clinique, deux colocataires découvrent
par hasard dans la rue un exemplaire du Frankenstein de Mary
Shelley, annoté de manière très étrange. A
partir de cet événement, les deux jeunes femmes vont
se souvenir de moments douloureux d'un passé proche qui
a laissé des stigmates mal cicatrisés (le lien avec la
créature de Frankenstein est évident et très bien
exploité). Un album vraiment très fort.
Monstrueux
et essentiel (mais pas comme Sfar).
En
résumé, L'irrationnel
et un café pour entrer dans l'univers de Baladi,
et ensuite Frankenstein,
encore et toujours pour y prendre place définitivement.
Ah
oui, et n'oubliez pas Ukulele
!
Fred
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