Fred
Bernard - L'ivresse du poulpe
Le
seuil - 176p N&B, 16€ - 2004
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On avait fait connaissance avec la belle Jeanne
Picquigny dans le premier tome de ses aventures : La
sagesse des crocodiles. On l’avait laissé en
compagnie d’une poignée de personnages sympathiques
et haut en couleurs dans un récit qui nous donnait à découvrir
L’Afrique des années 20. De son voyage aux accents
mystiques, Jeanne avait ramené Eugène Love Peacock et
Victoria Golfrapp, mais pas son père, le professeur
Modeste Picquigny, disparu mystérieusement dans cette région
du globe.
Aujourd’hui paraît le second volet de ces aventures
rocambolesques avec une Jeanne devenue jeune maman mais
qui ne peut se résoudre à rester en France dans sa
riche demeure. Huit mois après ce premier périple,
elle décide donc de laisser son fils aux mains de sa
nourrice, et de repartir à la recherche de Peacock,
annoncé pour mort mais que sa sœur Barberine affirme
toujours en vie du coté de Cuba.
Ce retour aux affaire va une nouvelle fois être
l’occasion pour le lecteur de se plonger dans un récit
épicé, entre magie et errance, amour et sensualité. Délaissant
cette fois-ci l’Afrique pour le continent américain,
le récit, toujours aussi joliment littéraire, nous
transporte à l’époque de la prohibition, et nous
fait partager les péripéties de Jeanne, partie à la
recherche de son amoureux qui vogue tranquillement sur
les mers, vivant de petits trafics d’alcool entre Cuba
et New York.
De cette BD en cinémascope, on retiendra, une fois
encore, l’élégance avec laquelle Fred Bernard,
l’auteur, parvient à diriger ses personnages et son récit.
Même si les références à Hemingway, Hugo
Pratt ou Tardi se croisent au fil de
l’histoire, on appréciera également la narration, à
peine ralentie à certains moments, qui donne à
L’ivresse du poulpe un rythme faussement lent et très
agréable. Par ailleurs, les dialogues, emprunts de poésie,
laissent souvent transparaître une douce mélancolie,
tout en faisant la part belle aux bons mots :
« au
lit comme au restaurant, les meilleurs morceaux coûtent
la peau des fesses ».
Alors même si l’histoire n’est pas la clé du succès
de cette BD, et qu’au fond elle n’a rien
d’exceptionnel, L’ivresse du poulpe est, pour
tout le reste, un album de belle tenue et très réussi.
Attendons la sortie de la troisième, et sans doute
dernière, partie des aventures de Jeanne Picquigny pour
confirmer définitivement tout le bien que l’on pense
de Fred Bernard.
Benoît
Richard
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