Tom
Tirabosco - l'oeil de la
forêt
Casterman
- 2003
Tom Tirabosco,
auteur italien surtout actif aux excellentes éditions
Atrabile signe chez Casterman, après quelques oeuvres
en collaboration, son premier véritable album en solo.
Si
le récit, pourtant très joliment troussé et excellemment
scénarisé, ne nous envoie pas vraiment en terrain
inconnu, par contre, le travail graphique est éblouissant
de maîtrise et suffit aisément à justifier
l'acquisition de l'album.
François, Marie et leur petite fille Clara viennent
d'emménager dans la somptueuse maison de campagne dont
François vient d'hériter à la mort de son père.
C'est là que quarante ans plus tôt, Hélène, la mère
de François, s'est pendue au vieux chêne de la propriété.
Petit
à petit, le passé va resurgir et contaminer le présent,
ramenant au jour les secrets enfouis et oubliés liés
au destin tragique de la pauvre Hélène.
François
passe son temps au bar du village, tandis que Marie se
trouve attirée par un intrigant travailleur journalier
de passage, personnage qu'on devine rapidement, d'une
manière ou d'une autre, intimement lié à ce sombre récit.
C'est dans ce climat délétère que la pétillante et
très attachante Clara traverse l'album. Contraine de
faire face aux secrets des adultes, elle apporte malgré
tout l'espoir que le passé ne soit pas toujours condamné
à se répéter. Avec cette fillette, Tirabosco a créé un très beau personnage qui, malgré un récit
qui se dénoue de manière tragique et profondément amère,
permet de faire souffler sur l'album un vent de jeunesse
et de fraîcheur.
Au
niveau graphique, L'œil
de la forêt éblouit par son découpage et ses
cadrages. Sans virtuosité tape-à-l'œil mais avec une
capacité étonnante à rythmer le récit, Tirabosco
réussit là un imposant tour de force graphique.
Ajoutons que le travail en couleurs directes, magnifiant
au pastel gras son trait épais et précis, permet à
l'auteur d'exceller dans la création d'ambiances qui
collent directement à son propos. Je ne pense qu'à Mattotti,
dans un style bien différent, pour une utilisation
aussi intelligente des couleurs.
Un
album vraiment chaudement recommandé.
Fred
|