Ted
Rall - Passage afghan
La
boîte à bulles - 128p, 13€ - 2004
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Le
reportage en bande dessinée semble, une fois encore,
montrer toute sa richesse et son intérêt quand il
s’agit de rapporter des évènements de guerre issus
de différents conflits à travers le monde. Que ce soit
Joe Sacco avec ses reportages graphiques sur la
Palestine ou l’ex-Yougoslavie, que ce soit Guibert,
Lefèvre,
Lemercier avec le très beau récit en trois
parties sur l’Afghanistan en guerre avec l’URSS (Le
Photographe), toutes ces BDs ont montré, chacune
dans un style différent, que le genre se prêtait à
merveille à ce type de récit.
Aujourd’hui, la boite à bulle propose une traduction
d’un reportage signé de l’américain Ted Rall
sur l’intervention américaine en Afghanistan en 1991.
Composé d’une BD de 48 pages, puis de dessins
d’humour, de photos et des chroniques initialement
parues dans le magazine Village voice, Passage
Afghan se lit comme le témoignage brut et sans équivoque
d’un journaliste au cœur d’un conflit où la
violence, la corruption et la manipulation semblent régner
en maître absolu.
Ainsi, en lisant Passage Afghan on découvre le
trait simple et la narration précise de Ted Rall
pour un récit qui nous mène tout droit au cœur du
conflit. L’histoire nous raconte ses aventures de
journaliste américain, témoin de son temps, perdu dans
un pays en pleine confusion où la vie semble ne tenir
qu’à un fil.
Ce
qui
nous donne au final un récit graphique d’une force
incroyable dans lequel la peur est en première ligne et
dans lequel Ted
Rall
nous
livre son ressenti, son point de vue sur ces combats, et
plus généralement, nous décrit ses conditions de
travail ainsi que celles de ses confrères journalistes
pas toujours logé à la même enseigne. En effet,
certains gros médias disposent alors de moyens
financiers beaucoup plus importants, ce qui leur permet
de payer à prix fort le moindre service rendu à un
journaliste occidental.
De ce pays en déliquescence où les talibans sont
devenus résistants, Ted Rall retiendra le chaos
et l’erreur commise par le gouvernement américain
coupable de mensonge (une fois encore) et l’insécurité
permanente qui règne à ce moment là. Rescapé, il
livre un récit en tout point touchant et qui constitue
aujourd’hui une document d’histoire passionnant.
Benoît Richard
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