Marjane
Satrapi - Poulet aux prunes
1/2
L'association
- 82p N&B, 14€ - 2004
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Après le succès mérité qu’à connu la quadrilogie Persepolis,
on attendait avec impatience de savoir vers quoi aller désormais
se tourner notre iranienne préférée. Avec Poulet
aux prunes elle confirme, si besoin était, son
talent de narratrice et nous emmène cette fois-ci à la
rencontre d’un musicien iranien joueur de tar qui décide
de se laisser mourir après que son instrument ait été
brisé par sa femme.
L’histoire se déroule dans les années 50 et met en
scène de nombreux personnages centrés autour d’une
famille dont le père, un homme longiligne et moustachu
au regard triste, ne peut se consoler du chagrin que lui
a fait sa femme en brisant son objet le plus cher, son
tar. Derrière cette douleur, se révèle une histoire
de famille. Et l’on découvre alors les liens qui
unissent les personnages de ce récit, dans un pays dont
l’histoire apparaît en filigrane derrière les
relations humaines.
En utilisant une narration subtile et ludique, faite de
flash-backs, d’ellipses temporelles faisant référence
à des souvenirs d’enfance notamment, Marjane
Satrapi donne un peu plus de liberté à son récit
qu’à l’accoutumé. Dans l'utilisation de l’espace
et du noire et blanc on remarque également une évolution
nette, avec des dessins pleine page, plus contrastés
encore que par le passé et un découpage que l’on ne
trouvait pas forcément dans ses précédents albums.
Quant au récit en lui-même, il dégage une profonde mélancolie
et nous parle du rapport entre l’artiste, son art et
son instrument et du vide mortel qui apparaît quand cet
objet de plaisir n’est plus. On voit alors comment le
plaisir de jouer disparaît en même temps que le goût
de la vie.
Profondément
désenchanté, Poulet aux prunes nous montre un
homme qui n’est plus rattaché à rien, et qui tire un
triste bilan de ce qu’a été sa vie malgré la présence
de ses proches, dont sa femme, qu’il ne semble jamais
avoir aimé.
Alors
que Persépolis nous racontait l’histoire
d’un pays vu à
travers un personnage, Poulet aux prunes nous
parle avec subtilité des hommes, de leurs sentiments et
des rapports qu’ils entretiennent entre eux à différents
moments de leur existence.
Benoît Richard
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