Winshluss
- Super negra #1
/ Monsieur Ferraille
Les
requins Marteaux - 2003
Pas
de nouvel album de Winshluss
à se mettre sous la dent mais une deuxième réédition
cette année chez Les
Requins Marteaux. Après Monsieur
Ferraille en janvier, voici que reparaît Super negra #1, originellement paru en 1999 et indisponible depuis
longtemps.
L'occasion
de mesurer le chemin parcouru et d'affirmer sans hésitation
possible que la verve iconoclaste de Winshluss
n'a, à l'heure actuelle, dans le domaine de la bande
dessiné franco-belge d'humour, pas le moindre
concurrent sérieux, si l'on excepte, mais dans un style
très différent, le génial Goossens
chez Fluide Glacial.
Winshluss
revisite les codes, pour mieux les dynamiter de l'intérieur
et rendre à la bande dessinée l'énergie qu'ils lui
ont fait perdre par un affadissement progressif et
continu. Pour cela, quoi de mieux que de revenir aux
origines, celles d'un certain Disney
et de l'Amérique des années 30.
Dans
un feu d'artifice joyeusement déglingué, radicalement
crade et amoral, Winshluss trimballe ses personnages à un rythme trépidant
incroyablement jouissif.
C'est ainsi que dans Super
negra, on pourra suivre dans le Mickey
mutant show, les aventures rocambolesques de la
souris la plus célèbre du monde aux prises à des
mutations consécutives à une explosion nucléaire. En
même temps, c'est tout le rose bonbon disneyien qui
mute vers le morbide et un goût du trash libérateur.
Dans
Pat Boon - Happy end (à L'association
- 2002), c'est le même délire rocambolesque, mais
le trait très expressif s'est affirmé, arrondi tout en
restant trash, et le rythme endiablé est à présent
parfaitement maîtrisé. Avec une drôlerie époustouflante,
Winshluss
enfonce le clou de toutes les turpitudes d'une certaine
Amérique (racisme, ségrégation, Ku Klux Klan,
insdustrie du porno,…), qui sont passées à la
moulinette d'un humour dévastateur, où même un happy
end, tombant comme un cheveu dans la soupe après 30
pages bien crades exsudant un désespoir total, se révèle
très peu politiquement correct. Une bombe jouissive.
Mais
s'il est un album indispensable, c'est le Monsieur
Ferraille en collaboration avec Cizo
chez Les
Requins Marteaux. Je n'hésiterai pas à dire qu'il
s'agit là du meilleur album humoristique paru depuis de
nombreuses années.
Monsieur
Ferraille
compile des histoires parues initialement dans le
magazine Ferraille
autour d'un personnage en boîtes de conserve (style
magicien d'Oz) et de son acolyte ado boutonneux Bob.
C'est là que Winshluss
pousse le bouchon le plus loin, là que son humour
iconoclaste et délicieusement amoral se fait le plus
mordant. Assurément un album à ne pas mettre entre
toutes les mains. Etudes pseudo-scientifiques, fausses
publicités, parodie de convention bd,… encadrent le récit
principal, mettant en scène Waltshluss et Gonzo, deux
auteurs de bd qui, un soir de grosse biture de la fin
des années 30, créent un personnage révolutionnaire,
le Super Robot Ferraille. Les remous de l'histoire
conduiront nos auteurs à, successivement faire de la
bande dessinée patriotique française, de la propagande
nazie (avec une hilarante rencontre avec Hitler et Eva
Braun dans leur bunker !!!) et soviétique (dans un
kolkhoze ukrainien !!!), avant d'aboutir à … Roswell.
Le tout emballé de faux extraits de bd dans une parodie
des styles français, nazis et soviétiques de l'époque.
Décapant, féroce et surtout hilarant.
Pour terminer ce tour d'horizon consacré à Winshluss,
signalons également Welcome
to the death club, recueil d'histoires courtes
parues dans le magazine Jade
des éditions 6 pieds sous terre. Moins convaincant dans sa globalité, il recèle
néanmoins quelques pépites indispensables à tout
amateur de Winshluss
qui se respecte.
Fred
|