La 25ème heure de
Spike Lee
Faire, en ces lignes, la réputation de Spike
Lee est une entreprise à laquelle on n’oserait se
risquer. Le bonhomme a suffisamment de bouteille dans le
métier pour se passer des services d’un petit
scribouillard apportant sa pierre à l’édifice.
Etonnement, je gardais de sieur Lee
un cliché un peu abusif de cinéaste engagé, voire
revendicatif, pourfendeur de ghetto et défenseur
d’une Amérique noire, fragilisée par la haine
raciale et sociale.
Dans La 25è Heure, il n’en est
rien…. Ou alors si peu, en filigrane. Spike Lee
nous montre les dernières heures de liberté d’un
dealer campé par un Edward Norton crédible et
tout en retenue. Donné par un inconnu qu’il soupçonne
de faire partie de son entourage, il aborde sa dernière
journée de liberté avant une entrée de 7 années en pénitencier.
Spike Lee nous donne à voir la vie de
personnages en marge, d’un petit voyou « propre
sur lui », finalement assez proche de n’importe
quel spectateur, qui a choisi son activité pour s’en
sortir, faire comme tout le monde, son trou dans la société,
avec appartement, voiture, chien et sorties du vendredi.
Spike Lee
utilise la volonté de son personnage à "faire le
ménage" avant d’aborder sa vie sous les barreaux
pour nous dresser un portrait de la société américaine
(mais on pourrait dire « occidentale » sans
forcer de beaucoup le trait), vue par la lorgnette de
son personnage principal confronté aux conséquences de
son mode de vie. Le réalisateur dresse habilement le
parallèle de cette prise de conscience humaine à celle
de cette ville de New-York, entité presque humaine par
son omniprésence de paysage au long du film, qui doit
faire face à l’après onze septembre. Qu’est ce
qu’un ami ? A qui faire confiance ? Au nom
de quelles valeurs ? Que reste-t-il quand on
s’apprête à tout perdre ? Quelles sont les
frustrations qui amènent à franchir la ligne de
l’interdit ? Qu’est ce qui est permis ?
Jusqu’où aller trop loin ? Et surtout, Y a-t-il
une autre voie, une autre vie possible ?
Une série de questions que le réalisateur
distille en petites touches dans un film parfois lassant
à force de dialogues, mais toujours intéressant et
humain. Un film qui amène les interrogations
personnelles. Et moi ? Je ferais quoi ? Et moi
qu’est ce que je veux faire ?
Denis
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