Kamal,
la trentaine, est de retour au Liban, après avoir
vécu en France pendant plusieurs années.
Il retrouve sa vieille bande de copains, qu’il
avait laissée en pleine guerre. Avec eux, il est
bien décidé à animer à nouveau l’école de
danse de son père, aujourd’hui tombée en
ruine. La troupe formée par les sept amis se présente
au festival de dabké d’Anjar. Mais face au
jury, ils rencontrent un échec cuisant. C’est
que Kamal et ses amis proposent une interprétation
très particulière de la « dabké »,
danse traditionnelle libanaise: en effet, rythmées
par de la techno, leurs chorégraphies mêlent
insolemment hip-hop moderne et danse orientale de
la plus pure tradition. Pour Kamal, ce choix
n’est pas seulement artistique, mais aussi
politique : mêler la jeunesse et la modernité
aux traditions libanaises, c’est une façon
d’affirmer ouvertement que son pays ne doit pas
rechercher son identité en se tournant vers le
passé. Au contraire, l’avenir du Liban est résolument
devant lui. La troupe de danseurs en sera la
formidable preuve en menant une tournée haute en
couleurs dans un bus traversant tout le Liban.
Entre
le road movie et la comédie musicale, ce film déteint
par rapport à la production cinématographique
libanaise à laquelle on s’était habitué. Ici,
même si le spectre de la guerre civile n’est
pas totalement absent, les souvenirs d’un passé
ensanglanté n’apparaissent pas comme étouffants
et paralysants. Au contraire, le propos est délibérément
optimiste et généreux. Les personnages, même
s’ils peuvent apparaître un brin caricaturaux
tant leurs problèmes sont typés, sont toujours
attachants. La musique, personnage principal du début
à la fin, est entraînante. Certes, les scènes
de « dabké techno » pourront peut-être
paraître un peu kitch à des Occidentaux… mais
n’est-ce pas également ce qui fait tout le
charme du film ?
Bosta,
c’est le voyage à travers le Liban d’un
peuple en quête de son identité. C’est aussi
l’espoir d’un renouveau et le choix de
l’union malgré les différences communautaires.
Le choix d’un bus (« Bosta » en
arabe) comme élément essentiel de l’histoire
n’est pas anodin. En 1975, c’est par un
massacre dans un bus que le conflit avait débuté.
Ici, le bus devient le lieu fédérateur de
l’espoir et du désir de vivre ensemble.
Il
est triste de voir que depuis le tournage de ce
film, la guerre au Liban a fait à nouveau la une
de l’actualité et que certains lieux traversés
par le bus multicolore des danseurs ont été détruits
par des bombes…
Gros
succès au Liban, Bosta n’était programmé que
dans cinq salles lors de sa sortie en France.
Allez vite le voir, avant qu’il ne soit trop
tard !
Céline
Ammoun
Film musical libanais – 1 h 50 – Sortie le 21 février 2007Avec Rodney El Haddad, Nadine Labaki, Nada Abou Farhat
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www.bostathemovie.com
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