cinéma

Crazy kung-fu de Stephen Chow 

[3.0]

 

 

    Le Quartier pauvre de la Porcherie doit dire adieu à sa tranquillité quand un minable truand, Sing (Stephen Chow), cherche à imposer sa loi en se faisant passer pour un membre du redouté Gang des Haches. Insulté par cette imposture, le dit gang va alors prendre les malheureux habitants du quartier pour cible, au désespoir des maîtres en arts martiaux qui se dévoilent pour assurer leur défense. L'occasion pour Sing de prendre ses responsabilités et de se découvrir des talents cachés.

 

    Dans la très bonne surprise (pour nous comme pour lui) qu'était Shaolin Soccer, Stephen Chow expliquait que le kung-fu n'était pas qu'un art martial, mais pouvait se décliner dans de nombreuses activités, parmi lesquelles le football. Avec son deuxième film, le réalisateur chinois veut cette fois montrer un autre visage de cette technique de combat, l'humour. Il n'est certes pas le premier et le nom de Jacky Chan ne met pas longtemps à venir à l'esprit. On retrouve le même sens du gag naïf, enfantin et burlesque chez les deux réalisateurs-acteurs. Mais là où Chan est devenu répétitif et lassant avec le temps, Chow incarne une nouvelle étape du cinéma populaire chinois.

 

    Sa principale arme vient du numérique. Les effets spéciaux permettent au réalisateur toutes les folies irrévérencieuses et comiques possibles. L'influence résolument cartoon fonctionne à plein : quand un maître de kung-fu écrase un pied, il en fait une véritable crêpe ; les courses façon Beep-Beep et le Coyote se terminent avec un personnage écrasé contre un panneau publicitaire et qui glisse lentement.

 

    Situé dans un passé indéfinissable, avec une ambiance un peu western, un peu Chine traditionnelle, un peu New York des années 50, Crazy kung-fu fait pourtant appel à très peu de références, sinon pour les parodier (le "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités" de Spiderman). Le film s'alimente tout seul pour constituer le gigantesque n'importe quoi que le titre (du moins la version que nous en avons en France) évoque.
 

    Mis à part l'humour omniprésent, certaines scènes d'action sont de vrais morceaux de bravoure : le duo de tueurs à la harpe ravira beaucoup de gens (à commencer par les amateurs de mangas), de même que le duel ultime. Les passages les plus sérieux sont assez sombres et très brutaux, d'une violence qui dénote avec le reste sans pour autant rompre l'harmonie de l'ensemble. C'est dans ces moments-là qu'intervient l'autre référence de Chow, moindre mais immanquable, Bruce Lee. Ca cogne sec et dur, et il n'hésite pas à faire mourir des personnages "pour la bonne cause".

 

    Énorme succès commercial en Chine, Crazy kung-fu confirme la réussite de l'expatriation du cinéma populaire chinois. Après l'étape fondamentale qu'a été Tigre et dragon, cette nouvelle pièce de choix, ludique et efficace, va contribuer à toujours plus ancrer les productions asiatiques, dont la fraîcheur est salutaire, dans notre paysage cinématographique.

Sébastien Raffaelli

Film chinois - 1h47 - Sortie le 08 juin 2005
Avec : Stephen Chow, Wah Yuen, Leung Siu Lung…

 

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