Adaptation
du roman de James Ellroy et hommage aux
films noirs hollywoodiens des années 40, "Le
Dahlia Noir" de Brian de Palma
embarque avec talent le spectateur dans une plongée
morbide et fascinante.
Dans
les années 40 à Los Angeles, une jeune actrice
est retrouvée sauvagement mutilée et assassinée
dans un quartier chaud de Los Angeles. Deux flics
locaux, Bucky Bleichert (Josh Hartnett) et Lee
Blanchard (Aaron Eckhart) s’investissent
jusqu’à l’obsession dans cette enquête, une
affaire sordide et troublante. D’autant que leur
investissement dans la résolution de ce crime
atroce prend de plus une tournure personnelle.
Roman-culte,
réputé inadaptable, "Le Dahlia Noir"
de l’écrivain James Ellroy, publié en 1987 et
inspiré d’un fait divers réel, passe enfin au
grand écran grâce à Brian De Palma. Avec brio.
Le réalisateur américain accepte le défi de
conservé tous les tiroirs du roman de Ellroy. Et
il sublime à sa manière toutes les fêlures de
ses personnages : celui de Josh Harntnett qui
n’arrive pas à s’occuper de son vieux père,
son coéquipier qui n’hésite pas à monnayer
des informations avec des truands contre leur
impunité ou le passé de prostituée comme Kay
Lake (Scarlett Johansson), petite amie de l’un
puis de l’autre. En s’attardant sur ces détails
qui auraient pu alourdir le dynamisme du film,
Brian de Palma réussi au contraire à embarquer
le spectateur dans son univers fascinant. Et
tellement sombre.
Comme
dans l’adaptation de "LA Confidential"
par Curtis Hanson, De Palma conserve également
l’extrême noirceur de l’univers de James
Ellroy. Sauf que cette fois, il évacue l’ironie
pour ne garder que le plus ténébreux. Le
personnage de Madeleine Linscott
(l’extraordinaire Hilary Swank), jeune héritière
qui s’encanaille dans les boîtes lesbiennes et
la prostitution. Tout en dissimulant les secrets
les plus glauques de son existence.
Volontairement,
le réalisateur de "Scarface", "Les
Incorruptibles" et du "Bûcher des Vanités",
a inclus dans son long-métrage tous les clichés
du film noir: un crime horrible, des femmes
fatales et vénéneuses, des flics troubles...
Mais en en faisant un hommage au cinéma
hollywoodien des années 40, il ne conserve que la
crème de cette inspiration. Il la transcende même
par une esthétisme de haute volée distillé avec
parcimonie lors de quelques scènes clés. Sexe et
violence sont ainsi chaque fois filmés au
ralenti.
De
Palma étant un cinéaste intelligent, il ne fait
pas ce choix dans le but de choquer en faisant
dans le tape à l’œil et épate-bourgeois. Il
se permet ces effets afin d’interpeller le
spectateur en insistant bien sur son rôle forcément
voyeur. Et en lui rappelant que la fascination
morbide du passant devant une scène de crime
n’est pas bien différente du regard du
spectateur devant une œuvre de fiction.
Ce
cocktail d’attraction et de répulsion que
procurent la vue du sang ou du sexe a aussi de
lourdes conséquences. Et De Palma montre au
travers du destin de la jeune actrice Elizabeth
Short (Mia Kirshner), qui tourne dans un film
pornographique avant d’être assassinée
devenant ainsi le "Dahlia noir", que la
fascination coupable du public engendre d’autres
images tout aussi malsaines. A chacun ses
responsabilités. Celles de Brian De Palma sont de
divertir, brillamment et de dénoncer,
intelligemment.
Julien
DAMIEN
Film américain – 2 h 00 – Sortie le 8 Novembre 2006
Avec Josh Hartnett, Scarlett Johansson, Hilary
Swank...
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