La
chose publique de
Mathieu Amalric
Mathieu Amalric, réalisateur mais aussi
personnage principal de son film (joué par
Jean-Quentin
Chatelain) joue à cache-cache dans son
second vrai long-métrage dans lequel l’auteur,
perturbé par la récente séparation avec sa femme, bâtit
un film dans lequel il se met en scène et dans lequel
se télescopent sa vie personnelle et intime et son
travail de cinéaste.
D’abord
il y a Mathieu Amalric lui-même (du moins son
personnage) , qui se retrouve emmêlé dans ses
histoires de cœur avec une femme qui le quitte et
qu’il aime encore... et c’est pas facile.
Et puis à côté de ça, il
y a le tournage en lui-même du film, réalisé
par un homme forcément tourmenté, dans lequel Michèle
Laroque et Bernard Menez se retrouvent un peu
perdus face eux orientations surprenantes de leur
metteur en scène.
Film
d’introspection, film de réflexion sur lui-même, La
chose publique, est une oeuvre tournée dans
l’urgence, à tâtons et avec beaucoup de maladresse
et c’est ce qui, sans doute, le rend le plus
attachant.
Par
sa mise en scène, par l’aspect désordonné quoi en
ressort, ce film dans le film lorgne du côté de chez Godard.
Naviguant entre essai et fiction, il a du mal de
se situer. Et l’auteur ne l’aide pas vraiment
et s’amuse à mélanger les petits bouts de fictions,
qui traînent dans ses tiroirs, au bain de réalité dans
lequel il vient de tomber.
Film
assez déroutant, à la fois burlesque et émouvant, La
chose publique navigue sur une mer déchaînée et
sur laquelle on tangue de gauche à droite sans vraiment
savoir où l’on va et quand ça se finira. Nullement
ennuyeux et presque ludique, ce film est une sorte d’OVNI
dans le paysage cinématographique français. On
pourrait évidemment trouver ça totalement nombriliste
et dénué d’intérêt, mais la drôlerie et le désespoir
qui en ressortent en font un film plaisant et léger
pour lequel on aura beaucoup d’indulgence, d’autant
qu’on aime beaucoup Mathieu Amalric.
Benoît
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