Nos
meilleures années de
Marco Tullio Giordana
Du beau, du bon, du mélo que voilà !
Du romanesque comme on l’aime qui sait faire la part
belle aux émotions, aux personnages (simples,
maladroits, bêtement humains, qui nous ressemblent…
et tous plus attachants les uns les autres), ceci sans
pour autant tomber dans le travers du pathos.
Ce film de Marco Tullio Giordana,
divisé en deux parties (3 heures chacune, qu’on ne
voit pas passer, si si !), a été la vraie
surprise de cet été ! Cette chronique tendre
d’une famille italienne sur plusieurs générations
permet de voir parallèlement l’évolution du pays
(notamment sur un plan politique), à travers préférentiellement
le destin de deux frères, Matteo et Nicola,
dont la rencontre à l’âge de 20 ans avec Giorgia,
jeune et belle schizophrène échappée de l’asile (Jasmine
Trinca, qu’on avait déjà appréciée dans
« la chambre du fils » de Moretti)
va les faire, chacun, bifurquer vers une voie différente…
Entre Florence et Rome, des paysages –
somptueux – de Toscane, Norvège, Sicile… et du Cap
Nord, la nostalgie est au rendez-vous avec ce film, où
les rêves se bousculent avec les illusions et les
retours à la réalité parfois violents… Ces très
jolis portraits croisés se laissent regarder sans
pesanteur ni longueur, le kleenex étant néanmoins à
conseiller (surtout dans la deuxième partie). Malgré
des scènes difficiles (la réalité rattrapant souvent
le rêve), ce film est un hymne magnifique à la vie et
à la famille !
Les personnages sont portés par des
jeunes acteurs exceptionnels : Jasmine Trinca
(déjà citée), Maya Sensa, Luigi Lo Cascio
(sorte de Mathieu Almaric transalpin, tout en
charme), Alecio Boni (qui rappelle par moment Christopher
Walken dans sa sensibilité de jeu)… et entourés
par une « mamma » inoubliable (Adriana
Asti). Quant à la mise en scène, certes académique,
elle sait éviter les lourdeurs (étonnant si on pense
à la durée totale…) et les incohérences. Sur 35 ans
de destin italien, ce n’était pas gagné !
Etant donné le succès surprenant de ce
film (meilleure moyenne hebdomadaire spectateurs/salle
sur l’été, le bouche-à-oreille ayant visiblement
fonctionné), les distributeurs ont parait-il décidé
de distribuer de nouvelles copies sur le réseau des
salles Françaises. C’est une bonne surprise qui
devrait permettre de faire connaître ce film à pas mal
d’autres personnes.
Ne vous laissez surtout pas rebuter par la durée. Pour ma
part, j’ai vu les deux parties à la suite l’une de
l’autre, et les six heures, au contact de cette
famille italienne attachante (où chacun peut reconnaître
des proches), sont passées à une vitesse grand V. La
vraie surprise de l’été qui devrait, j’espère,
nous accompagner dans un été indien !
Cathie
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